Toi. Moi. Nous.
- Kateryna Derkach
- 8 févr.
- 15 min de lecture
Tout est fait des relations. Tu n'es qu'un réseau de la somme de tes relations. Ce que tu considères comme « toi » n'est que l'appropriation de certaines parties de tes relations dans ta propre conscience la plupart du temps.
L'identité humaine est principalement constituée des projections qui viennent de nos relations intimes, personnelles et sociales.
Quand on parle de l'authenticité ou le concept du « vrai soi », de quoi parle-t-on au juste ? Certains vont appeler ça l'âme, d'autres l'essence pure, le Dieu intérieur, la nature ultime ou n'importe quoi d'autre. Mais si on est fait des relations et si on arrive à se libérer de toutes les projections extérieures véritablement, qu'est-ce qui reste ? Je suppose que c'est ce restant que certains semblent appeler l'être vrai.
Mais quand tu y penses vraiment, qu'est-ce exactement ce restant ? Est-ce le vide et rien ou est-ce le plein et l'espace ? Que deviens-tu quand tu es libre de toute projection pour de vrai ? Quelle est ta signification, ta place ou ton utilité dans le monde s'il n'y a absolument aucune projection de l'extérieur sur toi ?
Tu vas être invisible si tu es véritablement libre des projections relationnelles.
Si tu arrives à ne pas t'identifier avec ce que les autres perçoivent ou avec ce que ton propre ego aimerait projeter dans le monde, tu peux toucher un espace d'interconnexion ultime. Dans cet espace, il n'y a plus de moi ni de toi. C'est même au-delà de nous. Il n'y a rien et il y a le tout. Le concept de « moi » devient simultanément le vide et le plein existentiel. La quête cesse. Le paradoxe est intégré dans la conscience. Un nouveau jeu commence.
Si tu es tout seul dans cet espace à jouer à ce jeu, ça risque de devenir très ennuyeux avec le temps. Même dans l'espace de l'interconnexion ultime avec le tout, tu vas chercher des amis avec qui partager ton expérience. Dès que tu as des amis, tu reçois de nouvelles projections, une nouvelle identité et une nouvelle forme. Il faut que tu joues un rôle quelconque dans le système pour avoir des amis. Pour jouer un rôle dans le monde visible, il faut que tu portes un costume quelconque.
Tu as l'ultime autorité et la liberté de porter les costumes que tu veux. Et les autres ont aussi la liberté totale de penser ce qu'ils veulent de ton costume et de projeter sur toi ce qu'ils décident aussi. Tu as le contrôle sur le costume et sur comment tu joues ton rôle, mais cela ne veut pas dire qu'en tant que spectateur je vais apprécier ce que je vois quand je te regarde jouer. Ma liberté d'observateur me donne le droit de projeter sur toi n'importe quoi que je veuille. Ta liberté d'acteur conscient est de savoir avec justesse comment t'identifier à cette projection ou non.
Que se passe-t-il si tu ne t'identifies pas avec ?
Tu gardes ta liberté personnelle et tu sacrifies la connexion avec l'autre.
Si tu t'identifies avec, tu entres en alliance énergétique avec l'autre. Il y a maintenant une relation entre vous. La relation est un système hypercomplexe qui inclut et toi et l'autre.
Il y a deux niveaux de relations là-dedans. Il y a le lien bilatéral toi-autre. Et il y a le lien multilatéral entre l’autre, toi et la relation (ou votre espace relationnel).
L'espace relationnel est comme une batterie. Ça peut être chargé, ça peut se décharger. Ça peut exploser. Ça peut aussi créer la lumière, l'électricité et la chaleur. Si tu ne charges jamais tes batteries relationnelles, elles vont se vider avec le temps d'elles-mêmes. Si tu as mis des efforts conscients pour charger tes batteries en investissant dans une relation pendant des années avec quelqu'un, ça risque de faire très mal quand tu coupes la connexion et crées une séparation avec la relation.
Je ne dis pas qu'il ne faut jamais le faire. Il y a des relations dans notre vie qui sont très toxiques. Même si se couper de cette batterie risque de faire très mal, parfois, c'est mieux la déconnexion qu'une connexion maintenue qui te pourrit la vie. Quand la personne avec qui tu es en relation manipule, corrompt, sabote et pollue consciemment l'espace relationnel entre vous, ta batterie risque d'être de très basse qualité et avec le temps, tu ne voudras probablement pas faire partie ou investir davantage de ton temps ou de ton énergie dans cette relation.
La relation serait confuse et dissonante. Trop de bruit inutile, peu de clarté et de cohérence, risques bien trop élevés, tout cela se traduit en démotivation et désengagement de la relation.
C'est toujours drôle, les gens qui disent après une rupture : « Après tout ce que j'ai fait pour toi, comment as-tu pu... »
En réalité, tu ne faisais absolument rien pour l'autre personne. Et l'autre personne ne faisait absolument rien pour toi. Vous donniez tous les deux quelque chose à la relation entre vous. Plus la relation était en santé et en cohérence, plus l'espace relationnel vous nourrissait tous les deux. Tu donnes tes efforts à un système commun, et ce système de votre interconnexion crée l'environnement propice pour supporter les individus qui font partie de la relation.
Si ce que tu as mis dans la relation était basé sur la compétition, la honte, le jugement, le conflit, la violence, la manipulation et la peur, ne t'étonne pas que ce soit ce que la relation va t'envoyer en retour à un moment donné.
Le but n'est pas de prendre soin, de sauver ou d'aider l'autre. Le but est d'apprendre à prendre soin de notre espace relationnel avec respect, compassion et amour en collaborant et en cocréant avec l'autre. Le but est de s'assurer que ce qu'on contribue dans nos relations est cohérent avec ce qu'on veut véritablement expérimenter avec l'autre personne et ce qu’on veut cocréer dans le monde.
Tu ne devrais pas chercher la connexion magique avec l'autre, tu dois te demander comment créer un espace sécuritaire et un contexte relationnel qui assurent la stabilité, la performance, l’alignement avec tes envies personnelles et la cohérence systémique dans votre relation dans son ensemble.
Quand la relation est assez solide et que les personnes qui sont en relation se font véritablement confiance et se sentent en sécurité, elles travaillent en équipe. Elles savent qu'elles ne sont pas en compétition, mais bien des partenaires qui collaborent pour que la relation et l'espace qui les unit soient en bonne santé, en cohérence énergétique et en abondance de ressources.
Il y a un cas très répandu et une dynamique de pouvoir très étrange, c’est très visible surtout dans certaines relations amoureuses très toxiques.
Certaines personnes pensent que la relation qu'elles ont avec l'autre peut être prise pour acquise... si c'est le vrai amour, je peux faire n'importe quoi. Elles pensent que l'amour est déjà suffisant et qu'il n'est pas nécessaire de mettre les efforts conscients, d'établir des limites, d'investir en temps et en énergie pour nourrir, prendre soin de la connexion et de continuer à cultiver la relation.
Il y a certaines personnes qui pensent qu'elles sont en guerre de pouvoir avec leur propre coéquipier ou partenaire amoureux. Elles veulent avoir un couple solide, mais elles mettent la majorité de leurs efforts à prouver leur raison, à s'obstiner sur leur vérité personnelle ou à argumenter pour rien avec l'autre. Comme deux guerriers qui, au lieu de faire l'amour et de jouer avec les tensions qu'ils ressentent, les utilisent pour semer les conflits ou des résistances additionnelles dans la relation, pour ensuite justifier la rationalisation inutile des guerres qu'ils jouent entre eux.
Au lieu de mettre leurs efforts en commun pour bâtir une relation qui les met tous les deux en confiance et en sécurité, ils créent un champ de bataille dans leur intimité et se prennent pour des ennemis. Au lieu de créer une relation qui leur donne encore plus de pouvoir et de puissance personnelle ensemble, ils utilisent la force de leur amour pour se prouver qui est le plus fort et le plus malin entre eux deux.
Il y a aussi des personnes qui pensent que le rôle de leur partenaire, intime ou professionnel, doit être similaire à ce que leur père ou leur mère faisait. Ils ne cherchent pas de coéquipier pour cocréer des projets responsables et partager une vie avec une autre personne dans la joie et le plaisir. Ils cherchent principalement qu'on les nourrisse, qu'on les protège, qu'on les rassure, qu'on les valide, qu'on les aime inconditionnellement, et qu'on prenne soin d'eux comme s'ils étaient encore des enfants.
Ils cherchent des parents et des patrons (ou des enfants), pas des cocréateurs souverains ou des partenaires amoureux.
La relation parentale ou hiérarchique de pouvoir est très différente de la dynamique dans la relation entre deux êtres adultes, libres et souverains. Si tu es encore un enfant qui a besoin de support, d'amour et de validation venant de l'extérieur, cherche des professeurs, des parents adoptifs, des psychologues ou des supérieurs de confiance qui peuvent jouer ce rôle pour toi. Mais si tu cherches un partenaire adulte, mature et responsable avec qui tu peux cocréer une réalité au-delà de tes dynamiques de pouvoir existantes, assure-toi d'être un adulte qui sait comment ça marche le pouvoir véritablement partagé aussi.
Toi + Moi = Toi + Moi + Nous
La vraie différence entre les partenariats qui marchent bien et non se cache dans cette formule très subtile. Ceux qui travaillent dans l'équipe de deux seulement (Toi et Moi) sont très souvent en guerre, soit entre eux, soit avec le monde qui les entoure. Ceux qui incluent le nous, la relation elle-même comme un paramètre additionnel dans leur formule de partenariat, comprennent ce qu'est la fusion sans la perte identitaire. Ils voient la relation comme un élément clé, mais ils se voient aussi comme des êtres libres et souverains à l'extérieur de leurs relations.
C'est un système hypercomplexe avec au moins trois paramètres : deux objets et la connexion ou la relation entre ces objets. La relation peut être étudiée comme une entité à part. Si la relation est très pauvre et que les personnes qui en sont responsables ne respectent pas trop cet espace relationnel sacré ou n'en prennent pas soin, à un certain moment, ils vont comprendre que leur connexion ne sert à rien.
Même si les deux personnes s'aiment à en mourir, s'il n'y a rien qui se passe dans leur « nous », si elles n'ont aucun projet en commun, si elles ne partagent pas les mêmes rêves ou valeurs, si elles ne sont pas prêtes à cocréer un espace relationnel ensemble, elles ne sont pas encore prêtes à être en relation comme des adultes non plus. Ça ne sert à rien d'être en partenariat à long terme avec une personne qui n'a aucun intérêt à voir ou à développer la connexion au-delà du simple toi et moi.
Donc, quelle est la recette gagnante pour bâtir des relations durables, cohérentes et responsables avec les autres personnes ?
La clé principale que je veux partager aujourd'hui a un rapport avec le « nous ».
Certaines personnes n'ont pas de limites ou de frontières à ce que le « nous » veut dire, où il finit et où il commence.
Ils pensent qu'ils peuvent tout avoir : faire des affaires avec toi, être des amis, se prendre pour tes enfants, jouer le rôle de tes thérapeutes et être tes partenaires sexuels, le tout en même temps.
Ils pensent que plus le « nous » est gros, large et inclusif, mieux c'est. Donc, leur « nous » devient simplement chaotique et trop complexe pour rien.
Si tu joues principalement un rôle de supérieur, de sauveur ou parental dans une relation, ou si l'autre a cette vocation pour toi, tu ne devrais jamais confondre cette dynamique de pouvoir avec une relation de partenariat à pouvoir égal. Cela ne ferait que confondre l'autre personne, ou toi, et créer des incohérences inutiles dans votre interconnexion et relation. Les rôles peuvent changer et se transformer en autre chose, mais il faut le faire très doucement et très attentivement.
Mais dans tous les cas, il faut que tu sois très clair dans ta tête et transparent avec l’autre : joues-tu le rôle d'un père ou d'une mère pour quelqu'un ou les vois-tu comme des cocréateurs libres et à puissance équivalente à la tienne ? Les vois-tu comme des enfants à ta charge qui ont besoin de toi ou comme des adultes souverains, autonomes et indépendants de toi ?
Je te donne un exemple.
Mettons qu'une jeune fille rencontre un homme qui pourrait avoir l'âge de son grand-père. Mettons que cet homme se prend pour un sage du village et aimerait jouer le rôle de tuteur, de guide et de support pour aider la jeune fille. Il se prend un peu pour son père ou une figure d'autorité en se croyant supérieur à elle. Il pense qu'il a un pouvoir de supériorité quelconque parce qu'il est plus âgé, donc plus expérimenté, plus riche ou plus intelligent.
La jeune fille n'est pas naïve non plus. Elle sait qu'elle a besoin de mentors, peu importe où elle en est dans son cheminement. Des personnes qui sont clairement plus avancées qu'elle, qui ont déjà vu des verts et des pas mûrs et qui ont la sagesse de la vie vécue.
Donc, mettons qu'elle accepte cette offre que l'homme lui propose d'être son mentor en qui elle peut avoir confiance. Elle choisit consciemment de jouer le rôle « inférieur » en faisant confiance à son autorité. Elle reconnaît son expertise supérieure sur certains aspects parce qu'elle croit qu'il a quelque chose d'utile à lui apprendre pour vraiment l'aider dans ses projets personnels.
Donc, mettons que les conditions de l'entente de base étaient une relation supérieur-inférieur : le maître et l'apprentie. C'est assez clair comme définition du « nous » et les deux personnes savent comment se comporter avec cohérence et respect dans cette dynamique relationnelle.
Le plus fort protège et prend soin du plus faible. Celui qui est supérieur prend une sorte de « responsabilité » morale sur celui qui est plus faible. Le plus faible fait confiance et peut se soumettre à la volonté du plus fort, s'il croit que l'autre agit pour son bien ou qu'il en sait davantage car il est « supérieur ».
Quand le « nous » est bien délimité, clair et cohérent pour les deux personnes, ça crée automatiquement la confiance dans la relation. Si tu sais clairement quel est le vrai « pourquoi », l'intention et la stratégie de notre « nous » et de notre collaboration, tu vas te sentir davantage en sécurité et tu vas voir plus de facilité à être en relation dans ce genre de contexte. Si la personne avec qui tu es en relation change les limites du « nous » dans sa propre tête sans t'en parler et commence à agir dans une dynamique de pouvoir très différente radicalement, ça peut te confondre et te faire beaucoup de peine. Tu peux même te sentir comme si l'autre t'avait abusé ou avait violé ta confiance en lui ou dans la relation que vous avez.
Maintenant, imagine que le vieil homme de tantôt qui se prend pour le mentor trouve la jeune fille aussi à son goût sexuellement.
Il commence désormais à utiliser son pouvoir d'influence ou d'autorité sur elle, non pas pour la guider vers ses objectifs authentiques et ses rêves personnels, mais pour aussi coucher avec elle. Il profite de la confiance qu'elle a en lui pour subtilement exercer une pression ou une manipulation sur elle qui va au-delà de leur entente de « mentorat » initiale et la dynamique de pouvoir préétablie.
Mettons qu'il lui dit et répète que son seul but ultime est de l'aider et de la supporter simplement dans ses projets avec un amour si pur, comme si elle était son enfant. Et, en même temps, il la touche sensuellement et lui parle de ses désirs sexuels envers elle en tant que femme. Et en même temps, il aimerait aussi qu'elle lui fasse à manger, repasse sa chemise, et qu'elle lui caresse la nuque encore mieux que sa mère.
Est-ce que tu vois le problème d'incohérence et de confusion potentiel dans une telle relation ?
Le « nous » et son évolution ne fait pas beaucoup de sens dans notre exemple de changement de dynamique de pouvoir. Ça peut très vite devenir très compliqué et souffrant pour rien comme relation pour les deux personnes impliquées et pour tous ceux qui les entourent.
Il faut que tu décides des limites claires, nettes, précises et des interconnexions logiques dans ton réseau relationnel. Es-tu un partenaire ou un père ? Es-tu un cocréateur conscient ou une autorité qui se prend pour un sauveur, un patron et le protecteur de l'autre ?
Tu veux véritablement aider l'autre ou tu veux que l'autre t'aide, tu veux faire des projets ensemble ou tu veux du sexe ?
Jouer les deux rôles, et le père et l'amant, n'a jamais très bien fini pour personne...
Les jeux de rôles peuvent être vraiment amusants dans l'intimité, c'est vrai, mais quand tu confonds des intentions de partenariat préétablies avec l'autre et tes désirs personnels, ou que tu aimerais changer les conditions de la relation en place, assure-toi au moins de valider avec l'autre personne qu'elle est sur la même longueur d'onde que toi et qu'elle veut aussi te voir comme un partenaire et non comme son mentor de confiance qu'elle respecte et voit comme étant « supérieur » en pouvoir ou en autre chose.
Les rôles peuvent changer et évoluer, mais il faut toujours garder une cohérence systémique dans nos relations et nos dynamiques de pouvoir avec les autres. Tu ne peux pas prétendre jouer tous les rôles en même temps pour les mêmes personnes et les changer quand tu veux comme ça t'arrange mieux sur le moment.
Depuis que le monde est monde, il y a les personnes qui sont supérieures et qui sont inférieures en pouvoir, comme les parents avec des enfants, les professeurs avec les étudiants, les patrons avec les employés. Il y a un concept de responsabilité envers l'autre personne qui vient avec le pouvoir sur elle. Si tu ne sais pas comment prendre véritablement soin de quelqu'un de façon sécuritaire et bienveillante, tu ne devrais pas avoir de pouvoir d'autorité sur cette personne.
Si tu exerces ton pouvoir comme un être « supérieur », tu as la responsabilité totale de tes actions sur leur bien-être personnel.
En passant, c'est vrai autant pour les parents, les patrons que pour les politiciens. Si, en étant premier ministre, tu te prends pour le père de la population au complet, tu as aussi la responsabilité de la sécurité et du bien-être authentique de la population entière.
Si tu ne veux pas en être responsable, arrête de te croire supérieur aux autres adultes et à ton propre peuple. Arrête de leur dire quoi faire et redonne-leur leur pouvoir authentique. Si tu gardes le pouvoir sur les autres, tu as aussi la responsabilité totale qui vient avec. Si tu veux gérer un pays de citoyens adultes et responsables, ce n'est pas d'un père dont ils ont besoin comme leader.
Et il y a aussi d'autres dynamiques.
Il y a des personnes qui sont des partenaires, de vie, de projet, de sexe ou d'affaires. Le pouvoir se partage dans cette dynamique un peu plus comme avec tes amis, tes frères ou sœurs ou comme des coéquipiers avec le même pouvoir et la même responsabilité que toi. Ça prend une certaine maturité pour bâtir ce genre de relation convenablement avec les autres personnes. C'est beaucoup plus difficile de maintenir une connexion authentique avec l'autre sans retomber dans les jeux de pouvoir habituels.
Être souverain en soi est déjà assez difficile et parfois très compliqué ; être souverain ensemble et en communauté est toute une autre histoire...
Tu peux jouer n'importe quel rôle et avec n'importe qui, mais tu ne peux pas jouer tous les rôles pour la même personne en même temps. Si tu veux de la simplicité relationnelle et une cohérence émotionnelle dans ta vie, choisis très bien celle que tu vois comme ta grand-mère, celle qui est ta mère, celle que tu choisis comme ta femme et celle que tu crées comme ta fille. Ce n'est pas un choix littéral ni rigide, c'est juste un exemple de différents niveaux du pouvoir et de ses dynamiques d'expression possibles.
Joue les rôles en conséquence et en cohérence avec les personnes avec qui tu es en relation dans ta vie et prends la responsabilité des diverses subtilités dans les dynamiques de pouvoir qui règnent dans ces différentes interconnexions possibles.
Tu n'as pas la même interaction avec ta grand-mère qu'avec ta fille. Ce ne sont pas du tout les mêmes jeux de pouvoir ni le rapport de dépendance. Aucun de ces rôles n'est pareil et ne demande pas la même chose de toi. Si tu agis avec ta femme comme si c'était ta mère ou ton enfant, ne t'étonne pas qu'elle ne te voie pas et n'interagisse pas avec toi comme avec un homme non plus.
Choisis bien les jeux et les acteurs avec qui tu veux jouer, quoi et comment. Assure-toi que les autres sont ouverts et veulent jouer des jeux similaires avec toi aussi, de façon volontaire, consentante et consciente, et non pas influencés, contrôlés et corrompus dans ses rôles par ta « supériorité » en pouvoir, en force, en capacité de manipulation ou ton autorité auto-proclamée sur eux.
Finalement, apprends à respecter et à honorer tes choix en conséquence avec l’intégrité, la dignité et la compassion envers toi et envers l'autre.
…
Cette danse relationnelle révèle une vérité profonde : nos relations sont des miroirs qui reflètent notre niveau de conscience. La qualité et la clarté de l'espace entre nous devient le témoin silencieux de notre maturité émotionnelle et spirituelle. Chaque relation nous offre une opportunité d'évolution, un terrain d'apprentissage où nous pouvons approfondir notre compréhension de nous-mêmes, de l'autre et de l'espace qui nous unit.
La formule Toi + Moi + Nous prend alors une dimension plus profonde. Elle devient une invitation à la transformation consciente, où chaque participant enrichit l'espace relationnel de sa présence unique tout en étant transformé par cet espace. C'est un cycle d'évolution continue où l'individuel nourrit le collectif et où le collectif enrichit l'individuel.
Dans cette perspective, la relation devient un art sacré - une pratique d’évolution qui demande présence, conscience, responsabilité et engagement. Ce n'est pas seulement un espace de partage et de connexion, mais un creuset alchimique où nos identités se dissolvent et se reforment constamment, toujours plus riches, toujours plus conscientes.
Libres et ensemble.
La véritable maturité relationnelle se manifeste alors comme la capacité à maintenir cet espace sacré qu’on partage vivant et vibrant, tout en restant ancré dans notre souveraineté individuelle.
Ceci est vrai pour un couple, pour une équipe et même pour la société au complet.
C'est l'art subtil de danser entre la fusion et l’autonomie, entre le don et la réception, entre l’amour et le respect, entre la créativité et la cohérence, entre la transformation et la stabilité systémique.
