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6. La sécurité (La souveraineté) en Religion (ou Politique)!

Dernière mise à jour : 9 mai

Comment parler du non-sens systémique sans parler de la religion?

Comment aborder la laïcité sans parler de l'hypocrisie?

Comment utiliser notre suprématie culturelle et spirituelle pour abuser les autres peuples?

Comment faire de la politique sans manipuler et corrompre les croyances les plus intimes de sa population?

Comment créer l'endoctrinement des masses sans que personne ne s'en rende compte?

Bienvenue dans notre chapitre très sacré, mais aussi très sarcastique sur notre sécurité et souveraineté spirito-politique nationale!

...

Oh mon cher Québec. Comment même commencer à se parler comme du monde sur ce sujet si sensible et si complexe?

Quand j'ai commencé à contempler ce sujet, j'étais pris d'un fou rire face à une des incohérences les plus visibles sur les questions de laïcité dont personne ne parle. Et pourtant, ça saute littéralement aux yeux.

On est dans un pays apparemment super laïque. Mais, on a aussi la région du monde qui a probablement la plus grande concentration de noms de villes, de rues, de montagnes et de rivières qui ont le mot "saint" dedans.

N'importe quel québécois dit, écrit ou entend le mot 'saint' chaque jour pour simplement se déplacer avec son GPS.

Tu parles d'un endoctrinement spirituel. C'est du génie ça. Mettre littéralement toutes les références géographiques à connotation religieuse.

Mais.

On rejette la religion dans notre société. On ne croit pas à Dieu ou à Jésus. C'est juste le patrimoine de notre passé de colon de renommer la géographie pour glorifier notre église. Ça ne compte pas.

...

La politique québécoise a été gérée principalement par l'institution de l'Église jusqu'à la révolution tranquille.

Il y a à peine 50 ans, c'était probablement une des régions et des structures politiques les moins laïques du monde.

C'est vrai, vous avez fait presque l'impossible pour remettre l'église à sa place et reprendre votre pouvoir civique en main.

Par contre, prétendre que vous n'avez pas de séquelles dans votre système et dans votre psyché collective à cause de ce passé sombre encore aujourd'hui est un peu naïf.

On peut changer un système qui a été abusif avec une révolution. Ça fait longtemps qu'on sait que ça marche comme stratégie.

Par contre, on ne peut pas guérir des traumatismes collectifs des systèmes d'oppression politique et religieuse avec une simple révolution.

Ça prend un peu plus que ça.

Notre politique, même si laïque sur papier, est encore endoctrinée dans les mêmes principes de hiérarchie, de contrôle et de corruption que la religion elle-même.

On a commencé à utiliser des nouveaux noms. Mais les principes de base et le fondement idéologique sont exactement les mêmes.

Avant on avait des cultes, maintenant on a des partis politiques.

Avant on avait des prêtres, maintenant les juges.

Avant on avait le code écrit dans la bible, maintenant on a la loi et la constitution.

Avant on appelait ça la foi et le miracle, maintenant on appelle ça le progrès et la technologie.

Avant tu étais dans le péché, maintenant tu es dans l'ordre social.

Avant tu priais les dieux, les sœurs et les prêtres, maintenant tu pries les politiciens, les célébrités et les technocrates.

Le schéma, le tableau ou le jeu d'échecs se passe toujours de la même façon, c'est exactement la même chose. Les mêmes règles et les mêmes stratégies. C'est juste le nom des figurines qui a changé et les mots qu'on utilise pour parler de notre jeu.

...

Tout revient au pouvoir.

Qui a le véritable pouvoir?

Qui a la réelle responsabilité?

Qui a l'autorité et le contrôle?

Qui peut honnêtement et sincèrement changer quoi que ce soit dans la manière dont on gère notre collectivité aujourd'hui?

Et, peut-être la question la plus vraie serait:

Pourquoi délègue-t-on toujours et encore notre pouvoir et notre responsabilité sur notre propre vie et notre futur à nos politiciens ou à nos patrons?

C'est une question beaucoup plus intéressante et aussi beaucoup plus productive si jamais on veut réellement changer les choses.

Pourquoi espère-t-on encore avoir un sauveur en forme de politicien, un bon leader autoritaire et sensé, ou un intello très perspicace et riche pour bien nous protéger de nos propres peurs et hontes?

On est comme des fourmis dans une maison en feu se demandant quel parti politique serait des meilleurs pompiers pour arrêter le feu et pour nous sauver.

Mais, en attendant on brûle.

En attendant, on pourrait aussi s'organiser en communauté pour aller chercher de l'eau, pour arrêter le feu et continuer à vivre notre vie de rêve sans attendre que les pompiers se mettent d'accord sur qui mérite de venir nous sauver, un jour, peut-être.

...

Notre système politique est complètement dysfonctionnel. Et ce n'est pas parce qu'on n'est pas intelligent, gentil ou sage. C'est principalement parce qu'on a abdiqué beaucoup trop de nos pouvoirs personnels directement au système de non-sens.

Mais si le système fait souffrir le peuple, pour nous, ce n'est pas une excuse assez fondée pour changer le système.

On veut encore que le système joue le rôle de parent pour nous. Comme c'est un peu difficile de personnaliser un système hyper complexe, donc on préfère lui mettre des faces de politiciens ou de technocrates à titre des ‘’dieux’’ tout puissants.

On pense que notre système est l'extension ou la création de nos leaders. Et on pense que nos leaders ont un contrôle quelconque sur le système.

C'est ridicule.

Ils n'ont aucun contrôle sur absolument rien en réalité.

Ce sont les fonctionnaires et les travailleurs (nous) qui ont beaucoup plus de pouvoir et de responsabilités que les politiciens eux-mêmes.

Les politiciens sont tous des acteurs (sans beaucoup de liberté d'expression ou d’action réelle) qui s'assurent que le gouvernement et l'économie survivent.

Les politiciens choisissent consciemment de jouer l'interface entre le peuple et le système.

Ils sont juste un pont entre les deux. Ils n'ont aucun réel pouvoir de changement d'ordre collectif.

C'est un porte-parole. Rien de plus. Rien de moins.

Il faut savoir écouter très attentivement pour comprendre la vraie parole qu'ils partagent avec nous.

Les politiciens sont un miroir pour le peuple.

Si nos politiciens ne font pas beaucoup de sens, ça veut en réalité dire que nous, en tant que peuple, ne faisons pas beaucoup de sens comme communauté non plus.

Nos leaders nous montrent nos propres failles collectives. Ils ne peuvent rien faire pour les changer ou pour les transformer. Mais ils peuvent mettre en évidence et en lumière les incohérences systémiques dont le peuple a besoin de voir, de ressentir, de gérer et de prendre en main collectives pour transformer.

Le système est bâti, maintenu et entretenu par la population au complet. On est tous des cocréateurs et des coleaders de notre système collectif et sociétal. On est déjà les deux et le système artificiel et la communauté en chair et en os.

Tu ne peux pas demander à un politicien de changer une industrie, sachant que 10% de la population mange grâce à cette industrie.

Tu ne peux pas lui demander de bannir le pétrole ou la guerre, sachant qu'il y a des millions de personnes dans notre population qui collaborent volontairement avec des criminels et qui vont au travail à chaque jour pour faire prospérer ces mêmes secteurs.

C'est à ces quelques millions de personnes de réinventer leur carrière et de choisir d'investir leur temps dans un travail moins nocif pour la planète et moins violent pour les gens. Ce n'est pas à nos leaders de nous imposer un changement de job.

Aucun leader ne pourrait et aussi probablement ne devrait pas dire à des millions de personnes comment organiser leur vie professionnelle et comment prendre des décisions dans leur travail avec leur propre tête et cœur.

...

Si tu veux un parallèle vraiment flyé, imagine que le gouvernement est un peu comme une église et les politiciens les prêtres.

Ni l'église, ni le prêtre ne peut changer ni ta vie personnelle ni ta vie communautaire. Mais, ils peuvent grandement t'influencer ou te manipuler très facilement.

Ni l'église ni les prêtres n'ont le contrôle ultime sur Dieu ou les règles du paradis. Si le paradis est un peu comme notre système et on est déjà les deux, le créateur et l'utilisateur de ce système, c'est quoi le réel rôle du gouvernement et des leaders alors?

Ils sont peut-être tout simplement les facilitateurs, les médiateurs entre notre pouvoir collectif et personnel.

Pour-être que nos leaders sont un peu comme des panneaux d'indication pour observer où il y a des besoins de centraliser le pouvoir dans le système et où il y a une nécessité de le décentraliser davantage entre nous pour mieux équilibrer la sécurité et la cohérence de notre société commune.

...

Nos politiciens sont pris dans les rouages de l'économie et de la géopolitique internationales.

C'est un peu comme si la globalisation elle-même était une nouvelle forme d'une religion monothéiste basée sur la raison et le progrès (ou devrais-je dire le profit pour être plus précise ?).

Mais le Dieu dans ce schéma n'est plus invisible, imaginaire ou intangible. Le Dieu est le système lui-même. Et les politiciens ou les leaders font le lien entre ce nouveau Dieu très systémique et le peuple.

Les politiciens sont un peu comme des Jésus aujourd'hui qui disent au peuple de façon un peu trop subtile et mystérieuse:

"Je suis la voie vers ton propre paradis dont tu es le créateur ultime déjà. C'est toi qui as le pouvoir véritable. Ce pouvoir c'est ta danse unique de l'amour inconditionnelle et de ta conscience. C'est à toi la liberté totale de choisir et la musique et la place pour danser comme tu le désires. Je ne te montre que les possibilités et les limitations actuelles. Mais le choix et la responsabilité de la transformation t'appartiennent. C'est la base de ton libre arbitre. Et même si je suis un peu comme Jésus tout puissant, je ne peux quand même pas te priver de ta souveraineté de pensée et d'action authentique dans notre monde".

...

L’appauvrissement spirituel dans un peuple ou sa transformation dans les croyances culturelles trop rapide et drastique peut gravement affecter la vie communautaire dans un pays.

En rejetant, en blâmant et en culpabilisant la religion pour tous nos problèmes, le Québec n'a pas juste banni l'église de son parlement et de ses lois (nuance: ceci est encore très questionnable que ça ait été véritablement fait), le Québec a aussi été déconnecté du concept de la communauté, des valeurs familiales et de sa puissance intérieure en même temps.

Il n'a pas juste jeté le prêtre et ses livres religieux par la fenêtre. Il a aussi jeté sa divinité innée, son pouvoir authentique de création et sa propre souveraineté personnelle et collective par la même fenêtre.

C'est très ironique.

Mais, tu veux que je te dise un truc encore plus ironique que ça ?

Les Québécois avaient tellement peur de devenir comme des Anglais. De perdre leur unique culture basée sur les valeurs de la solidarité collective, leurs profondes valeurs des vertus transcendantes et leur si bel héritage culturel.

Et regarde aujourd'hui.

Est-ce que ta propre tête, ton cœur et ton corps en ce moment ressemblent plus à une mentalité d'Anglais ou d'un Québécois Traditionnel?

Est-ce que tu vas au travail et tu prends des décisions comme un Anglais ou comme un Québécois?

Soit honnête au moins avec toi-même.

On s'en fout quelle langue tu parles. Si tu réfléchis comme un Anglais. Si tu paies tes taxes pour enrichir les marchés financiers Anglais. Si tu ressens les mêmes émotions que les Anglais, si tu as la même idéologie politique que les Anglais, mentalement et énergétiquement parlant tu es déjà comme un Anglais.

C'est peut-être ça qui t'énerve et te rend triste autant en ce moment. Ce ne sont pas les Anglais que tu détestes. Tu es si enragé parce que tu es déjà devenu comme eux même si tu t'es battu si fort pour que ça ne soit pas le cas.

Ta politique. Ton économie. Ta santé. Ton éducation. Ta culture. Ta science. Elles ont toutes été américanisées et britannisées à la saveur très québécoise.

Mais, qui en est responsable?

Toi? Ou les Anglais?

Tu es rendu au point où tu payes l'argent du contribuable pour faire la guerre aux autobus de ville pour qu'ils enlèvent le mot "go" dans le très culturel et très québécois "Go. Habs Go."

C'est sérieusement pathétique!

Tu n'as vraiment pas trouvé d'autres priorités plus efficaces ou intelligentes ou mieux où investir ton cash (notre cash commun je devrais dire) pour protéger ta langue et ta culture?

Nos policiers de la langue française sont encore plus sévères que nos sœurs étaient dans les couvents.

Ils pensent que les gens vont oublier de lire et de parler s'ils ne disent pas à tout le monde avec une loi comment s'exprimer comme du monde.

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On vit dans un système où les professeurs ne sont pas libres d'enseigner aux enfants ce qu'ils ont appris à l'école. Parce que ce sont des fonctionnaires qui créent des curriculums scolaires pour les enfants et non les profs, les psychologues ou les spécialistes en apprentissage.

On vit dans un système où l'infirmière n'a pas le droit de donner des soins aux patients avec une réelle humilité et compassion. Parce que son travail est organisé selon un protocole administratif créé par une machine pour mieux optimiser son emploi du temps.

On vit dans un système où on a besoin de reconstruire la même route à chaque année pour avoir des taux de chômage faibles.

On vit dans un système où on paye plus de nos taxes à rendre les riches encore plus riches qu'à véritablement prendre soin de nos biens et de nos services collectifs.

On vit dans un système où tout le monde s'en fout. Ils font juste écouter aveuglément et naïvement ce que leurs patrons ou leurs politiciens leur disent. Ils vont volontairement donner leur pouvoir à leur autorité et après ils vont se plaindre et blâmer le monde au complet pour leur impuissance et misère.

On vit dans un système où la guerre et la compétition sont une monnaie. Même dans nos politiques intérieurs. On a des "partis" politiques.

Penses-y comme il faut. Ça veut dire quoi au juste un "parti" politique?

Si notre peuple au complet est comme une forêt qu'on veut protéger et rendre super abondante, pourquoi as-tu besoin de séparer la forêt en parties?

N'est-ce pas le concept même de la séparation, de la division et de la polarisation que de séparer ton propre peuple en différentes parties d'opinions controversées et en compétition les unes avec les autres?

Ta science politique dans sa philosophie même est fragmentée à des profondeurs incompréhensibles, flagrantes et très dysfonctionnelles. C'est fait pour mieux diviser et polariser le peuple.

Comment veux-tu que ton peuple soit solidaire, collaboratif, cohérent ou en paix véritable entre eux?

Tu investis tes propres taxes pour créer des guerres électorales et mettre du gros plastique en couleurs sur tous les arbres du pays au lieu de demander que tous les partis s'entendent sur une vision et une stratégie qui feraient du gros bon sens pour la population en entier, pas seulement à une minorité quelconque pour les prochains 4 ans et après ‘’on verra’’.

Tu mets la majorité de tes ressources naturelles, humaines et stratégiques à essayer de mieux manipuler ton peuple pour que ton parti préféré soit au pouvoir plutôt que de parler de la véritable vision et stratégie avec tes compatriotes pendant la période électorale.

...

Avant quand tu allais à la messe, on t'a dit que si tu écoutes bien les directives du prêtre et que tu lui donnes un peu d'argent, tu serais sauvé et protégé. Propre de tes péchés et avec une passe directe au paradis.

Maintenant, tu ne vas plus à la messe et tu n'écoutes pas le prêtre.

Tu vas voter. Tu vas travailler. Tu vas magasiner. Tu vas payer tes taxes. Et tu écoutes les nouvelles. Tu écoutes les chefs des partis, tu écoutes des technocrates. Tu écoutes les réseaux sociaux et l'intelligence artificielle.

Alors?

Est-on sorti du bois déjà? Est-on libre, souverain et tout puissant comme jamais?

Aujourd'hui, comment vote-t-on au juste?

Pour qui vote-t-on? Pourquoi vote-t-on?

Comment utilise-t-on notre pouvoir de créer et de changer les choses dans notre propre communauté?

...

Le mythe du chef providentiel

— Alors, qui est le meilleur pour diriger le pays en ce moment?

— Les gens, nous tous, nous sommes les meilleurs pour diriger le pays en ce moment.

— Oui c'est vrai, mais je parle du pouvoir de décision, quel parti est le meilleur?

— Je parle du véritable pouvoir que nous avons de transformer ce pays. Les gens ont ce pouvoir et l'ont toujours eu. Il est temps de prendre aussi la responsabilité du pouvoir que nous avons déjà. Notre système politique ne fonctionne pas à la base. C'est cela qui doit changer. C'est un changement radical qui peut faire peur à beaucoup de personnes. Pour le rendre sécuritaire, nous devons formuler une vision collective qui fait du sens logique pour nous tous. Pas seulement pour un parti ou une idéologie spécifique. Le but du gouvernement est d'être au service de toute la population et de ses besoins authentiques. Pas à la merci des marchés financiers. Mais les gens doivent apprendre à collaborer ensemble et cesser de compter sur le gouvernement pour les sauver ou les protéger. Nous sommes tous des leaders. Notre défi actuel n'est pas de trouver qui est le meilleur. Notre vrai défi est d'apprendre à cocréer, à collaborer et à distribuer de façon cohérente notre pouvoir et notre leadership dans l'ensemble du système social.

— Je suis d'accord avec toi et je trouve que tu parles comme un politicien maintenant! Mais toi par exemple, tu vas voter pour qui? Tu dois choisir.

— Peut-être que je parle comme un politicien parce que c'est ce que beaucoup d'entre eux veulent aussi, au fond. Tu serais surpris de voir combien de politiciens entrent en politique avec des idéaux authentiques, avec un véritable désir d'être au service de leur communauté.

— Vraiment? Ils me semblent surtout intéressés par le pouvoir...

— Certains, oui. Mais j'ai eu l'occasion de parler avec plusieurs d'entre eux en privé, loin des caméras. Tu sais ce qu'ils me disent? Qu'ils se sentent piégés. Qu'ils sont entrés en politique pour changer les choses, mais qu'ils se retrouvent à gérer un système qui résiste au changement. Et surtout, ils me disent à quel point il est difficile d’être un bon leader pour des personnes qui ne veulent pas tant être autonomes, libres et responsables.

— Comment ça?

— C'est extraordinairement difficile d'habiliter quelqu'un qui n'est pas prêt à assumer la responsabilité du pouvoir. Imagine un parent qui souhaite que son adolescent devienne indépendant, mais l'adolescent préfère que tout soit fait pour lui. Le parent se retrouve alors dans un dilemme: continuer à tout faire (et maintenir la dépendance), ou risquer que certaines choses ne soient pas faites correctement (mais permettre l'apprentissage). La politique, c'est ce dilemme à l'échelle d'une nation.

— Tu veux dire que c'est notre faute si les politiciens ne nous responsabilisent pas?

— Ce n'est pas une question de faute, mais de dynamique systémique. Nous avons construit ensemble un système où le politicien est récompensé pour paraître omnipotent, pour avoir une solution à tout. Et nous, citoyens, sommes récompensés pour notre passivité par un confort relatif et l'absence de responsabilité. C'est un équilibre malsain, mais stable. Le changer demande des efforts des deux côtés.

Beaucoup de politiciens savent très bien qu'ils ne peuvent pas réellement résoudre tous nos problèmes. Les plus honnêtes le reconnaissent en privé. Mais quel politicien peut survivre en disant publiquement: "Je n'ai pas toutes les réponses, nous devons trouver les solutions ensemble, et cela demandera des efforts de chacun"? Dans notre système actuel, ce discours est perçu comme une faiblesse, pas comme une sagesse.

— Regarde comme c'est difficile pour nous de sortir de ce cadre de pensée. On parle de changement systémique, et immédiatement, on revient à "pour qui voter?" Comme si notre seule forme d'action politique était de choisir notre prochain parent-sauveur pour quatre ans. C'est exactement ça le problème.

— Mais c'est la réalité non? On a besoin de quelqu'un pour prendre les décisions...

— C'est ce qu'on nous a appris, oui. Mais pense à tout ce dont on a parlé: notre sécurité alimentaire dépend-elle vraiment d'un ministre de l'Agriculture, ou des millions de choix quotidiens que nous faisons tous en tant que consommateurs, producteurs et citoyens? Notre système de santé s'effondre-t-il à cause d'un mauvais ministre, ou parce que nous avons collectivement accepté un modèle où la santé est devenue une industrie plutôt qu'un bien commun? Nos enfants sont-ils mal éduqués à cause d'un ministre de l'Éducation incompétent, ou parce que nous avons délégué l'entièreté de leur formation à un système qui les prépare à devenir des rouages économiques plutôt que des êtres accomplis?

— Je n'avais pas pensé à ça comme ça... Mais quand même, il faut bien quelqu'un pour coordonner tout ça, non?

— Bien sûr qu'il nous faut de la coordination, mais pas nécessairement de la hiérarchie rigide ou de la centralisation excessive. Regarde la nature: une forêt se coordonne parfaitement sans qu'aucun arbre ne soit "chef" des autres arbres. Les mycéliums sous le sol créent des réseaux d'échange d'information et de ressources qui permettent à l'écosystème entier de prospérer. Le corps humain lui-même est une merveille de coordination décentralisée – tes cellules n'attendent pas les ordres d'un "président du corps" pour savoir quoi faire.

— Mais on n'est pas des champignons ou des cellules, on est des humains avec des opinions différentes, des conflits...

— Justement! C'est parce qu'on est des êtres complexes et nuancés qu'un système binaire et polarisant comme nos démocraties actuelles ne nous convient plus. Quand on vote, on prétend réduire toute la complexité de nos visions politiques, économiques, sociales et écologiques à un seul choix, un seul leader, tous les quatre ans. C'est comme si on demandait à un pianiste de jouer une symphonie en n'utilisant qu'une seule touche.

— Alors quoi? On ne vote plus? On fait la révolution?

— Ce n'est pas ce que je dis. Je dis qu'on peut voter — c'est un outil parmi d'autres — mais qu'on ne devrait pas s'arrêter là. Notre pouvoir politique s'exprime chaque jour: dans ce qu'on mange et comment c'est produit, dans comment on s'éduque et on éduque nos enfants, dans comment on prend soin les uns des autres, dans comment on organise notre défense collective sans glorifier la violence.

Les vrais changements commencent toujours par des gens ordinaires qui décident de reprendre leur pouvoir là où ils sont, avec ce qu'ils ont. C'est le fermier qui décide de cultiver autrement même si ça rapporte moins sur le papier. C'est l'enseignante qui trouve des façons créatives d'éveiller la conscience critique de ses élèves malgré les contraintes du programme. C'est l'infirmier qui prend cinq minutes de plus avec un patient même si le protocole ne le prévoit pas. C'est le soldat qui questionne l'éthique d'un ordre même quand c'est difficile.

Ce dialogue, que j'ai eu récemment, illustre parfaitement notre blocage mental collectif.

Nous sommes coincés dans un schéma patriarcal ancestral où nous avons besoin d'un chef, d'un père, d'un leader fort pour guider la tribu. Même ceux qui reconnaissent intellectuellement les limites du système actuel reviennent instinctivement à la question: "Mais pour qui vas-tu voter?"

C'est comme si l'idée même que le pouvoir puisse être exercé différemment, qu'il puisse être distribué de façon vivante plutôt que concentrée, était inconcevable pour notre cerveau programmé par des millénaires de hiérarchies verticales super structurées.

Cette dépendance au modèle du chef providentiel est l'héritage direct de notre passé religieux et monarchique. Le roi était l'élu de Dieu, le prêtre était l'intermédiaire entre l'homme et le divin, et aujourd'hui le Premier ministre ou le Président est celui qui va miraculeusement résoudre tous nos problèmes collectifs.

Nous avons remplacé la figure du prêtre par celle du politicien, mais nous continuons d'attendre qu'il:

• Nous rassure en temps d'incertitude, comme un parent face à l'enfant qui a peur du noir

• Nous protège des menaces extérieures, comme si nous étions incapables de concevoir notre propre sécurité collective

• Nous nourrisse en garantissant notre prospérité économique, alors que c'est notre travail collectif qui crée toute richesse

• Nettoie nos dégâts écologiques et sociaux, comme si nous n'étions pas nous-mêmes responsables de nos actions

• Nous absolve de notre responsabilité collective, en nous permettant de dire "ce n'est pas moi, c'est le gouvernement"

Cette relation infantilisante avec le pouvoir n'est pas une fatalité. C'est un conditionnement culturel profond, mais comme tout conditionnement, il peut être dépassé. Le premier pas est de reconnaître notre dépendance et de comprendre que notre sécurité réelle ne viendra jamais d'un sauveur externe, mais de notre capacité collective à assumer notre pouvoir et notre responsabilité.

Vers une spiritualité politique authentique

On ne peut pas se libérer d'une religion pour simplement la remplacer par une autre. On ne peut pas se sauver d'un autoritarisme religieux pour tomber dans un autoritarisme technocratique. On ne peut pas dénoncer les abus de l'église pour ensuite accepter les abus de l'État ou du marché.

La véritable souveraineté spirituelle et politique s'entrecroise à un niveau beaucoup plus profond que nos institutions. Elle commence par cette question simple mais puissante :

Suis-je réellement libre dans ma tête et dans mon cœur, ou est-ce que je répète simplement les dogmes modernes avec la même obéissance que mes ancêtres répétaient les dogmes catholiques?

Pour réconcilier spiritualité et politique, pour retrouver un authentique sentiment communautaire sans oppression, nous avons besoin de comprendre que:

1. La spiritualité véritable est toujours personnelle et libératrice, jamais imposée ou restrictive. C'est la reconnaissance de notre divinité intérieure, de notre capacité créatrice innée, de notre responsabilité envers notre propre conscience.

2. La politique authentique est l'art du vivre ensemble dans le respect des souverainetés individuelles. Elle ne devrait jamais chercher à remplacer la connexion spirituelle ou à devenir elle-même une religion.

Le problème n'est pas dans la religion ou dans la politique en soi, mais dans notre tendance collective à confondre contrôle et sécurité, à chercher à l'extérieur ce qui ne peut venir que de l'intérieur : notre pouvoir authentique.

...

Retrouver notre pouvoir collectif

Comment retrouver ce pouvoir sur lequel nous avons fermé les yeux? Comment reprendre notre souveraineté collective sans tomber dans les pièges du passé?

Peut-être en commençant par ces principes simples :

1. La reconnaissance de nos interdépendances. Nous ne sommes ni des atomes isolés dans un vide économique, ni une masse uniforme sans identité personnelle. Nous sommes une forêt d'arbres distincts mais profondément interconnectés par nos racines communes.

2. La pratique de la décision collective à l'échelle locale. Les solutions les plus durables et les plus cohérentes ne viendront jamais d'en haut, mais de l'interaction directe des personnes concernées, dans leur réalité quotidienne, autour de leurs besoins concrets.

3. La déprofessionnalisation de la politique. Nous devons tous redevenir des êtres politiques au sens noble du terme – des participants actifs à la communauté, à la vie de la cité – plutôt que de déléguer cette responsabilité à une classe de "professionnels du pouvoir".

4. La réappropriation de nos espaces sacrés communautaires. Pas nécessairement des églises, mais des lieux de rassemblement, d'échange, de célébration et de réflexion collective qui ne soient ni commerciaux, ni étatiques.

Quand on sait qu'on a déjà tout ce qu'il faut pour exercer notre pouvoir collectif – notre intelligence, notre créativité, notre compassion – on cesse d'attendre des sauveurs ou des solutions miracles. On commence simplement à cocréer, ici et maintenant, les communautés dont on a besoin et qu'on désire véritablement.

...

La souveraineté intégrale

Notre sécurité et notre souveraineté – qu'elles soient alimentaires, sanitaires, éducatives, militaires, ou politico-religieuses – ne sont pas des domaines séparés. Elles forment un tissu cohérent, une tapisserie complexe où chaque fil influence tous les autres.

Ce que nous avons exploré à travers ces contemplations, c'est finalement une vision de la souveraineté intégrale: la capacité d'être pleinement présent et responsable dans tous les aspects de notre existence collective.

Le dogme religieux et l'autoritarisme politique sont les deux faces d'une même pièce: notre refus de grandir pleinement dans notre pouvoir. Notre attachement au confort de l'enfance spirituelle et politique, où quelqu'un d'autre prend toutes les grandes décisions à notre place et porte le fardeau de la responsabilité.

Mais cette illusion de sécurité est précisément ce qui nous rend le plus vulnérables.

Car une société véritablement souveraine est celle où:

• Chaque personne connaît et cultive sa propre terre intérieure

• Chaque communauté prend soin de sa santé collective

• Chaque génération transmet non seulement des connaissances, mais une sagesse vivante

• Chaque citoyen sait protéger ce qui est précieux sans devenir lui-même une menace

• Chaque âme peut s'épanouir spirituellement sans imposer ses croyances aux autres

Cette souveraineté n'est pas un état final à atteindre, mais une pratique quotidienne. Une danse subtile entre notre autonomie personnelle et notre interdépendance collective. Un équilibre toujours en mouvement, comme la vie elle-même.

C'est peut-être cela, au fond, la véritable sécurité: non pas l'absence de risque ou de changement, mais la confiance tranquille en notre capacité collective à naviguer l'incertitude avec grâce, sagesse et résilience.

Car nous ne sommes ni des brebis qui ont besoin d'un berger, ni des loups solitaires. Nous sommes une forêt pensante, un écosystème conscient. Et notre plus grande force réside précisément dans cette nature à la fois diverse et profondément interconnectée.

La question n'est plus "qui va nous sauver?" mais "comment allons-nous cocréer notre libération collective?". Et la réponse, comme toujours, commence par ce simple acte de courage: regarder la vérité en face et oser imaginer quelque chose de différent.


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J'ai fait le choix de rendre la plupart de mes œuvres créatives complètement gratuites et accessibles au public.

Cela dit, j'aimerais traduire une partie de mon travail dans d'autres langues et le publier afin de toucher un public plus large et moins axé sur l'internet.

 

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