L'ART DE VIVRE
- Kateryna Derkach
- 17 mai
- 9 min de lecture
Certains savent comment mourir
Mais, ils ne savent pas tant vivre
Ils ne comprennent toujours pas
La formule de l'amour très simple.
Ils savent comment aimer le monde
Se mettre au service désintéressé
Mais ils n'ont aucune idée de ce qu'est
Recevoir l'amour véritable de l'autre.
Ils ont été tellement trahis auparavant
Qu'ils pensent qu'ils ne méritent pas tant
Ils sont là pour donner, pour s'offrir
Mais, pas encore assez pour recevoir.
Ils se ferment le cœur et l'esprit
Parce qu'ils ne font plus confiance
Ils ont été tellement abusés pour rien
Qu'ils préfèrent partager sans réception.
Ils ne veulent plus être perméables
Aux peurs et hontes des autres êtres
Il y en a beaucoup trop qui leur ont offert
Leur dure souffrance déguisée en amour.
Une confiance pure abusée si cruellement
Une âme abandonnée dans son inquiétude
Les rêves brisés avec l'excuse de protection
L'imposition d'autorité dure sans invitation.
* * *
Prendre le rôle du sauveur super bienveillant
Même quand personne ne t'a rien demandé
Se mêler des affaires très intimes des autres
Juste pour y laisser nos jugements coriaces.
Briser les rêves sous prétexte de l'impossible
Couper les ailes des oiseaux avec nos peurs
Juste pour qu'ils arrêtent de nous rappeler
Que nous aussi on peut voler avec nos désirs.
Utiliser la vulnérabilité et la fragilité de l'autre
Pour justifier nos propres erreurs du passé
C'est très confortable cette arme stratégique
Pour protéger notre ego de sa transparence.
Sentir la souffrance de l'autre est attirant
Tu veux être là, tu veux tellement l'aider.
Du moins c'est l'histoire que tu te racontes
En réalité, tu veux projeter sur lui ta honte.
Quand quelqu'un est dans ses faiblesses
C'est le moment parfait pour ton naïf ego
Pour se gonfler, pour se prouver et se mentir
En utilisant ton pouvoir pour écraser l'autre.
Si tu rêves de devenir l'alpha dans ta tête
Tu dois savoir te battre avec une vraie dignité
Le clan ne va pas respecter comme son patron
Le loup qui est trop lâche pour être honnête.
Si tu pensais que tu peux avoir la couronne
En faisant la guerre de pouvoir sans honneur
Tu ne joues même pas à des jeux excitants
Tu es juste terrifié, mais tu ne sais pas le dire.
Tu joues à des jeux très tristes et si pénibles
Si tu penses que tu peux oublier tes péchés
Si tu penses que la conscience est aveugle
Tu risques de te perdre dans tes mensonges.
Et, l'univers constitué de tes critiques crues
N'est pas si excitant et "chill" que tu le crois
Je pense que c'est ça qu'on appelle l'enfer ici
C'est quand tu vis dans tes propres jugements.
* * *
Le code moral ou culturel ou peu importe
C'est le programme des croyances à revoir
Ce sont des blessures qui se protègent bien
Pour se cacher de la vérité très souffrante.
On utilise nos vies si étranges, brisées
Comme des exemples parfaits à suivre
On se plaint que le monde est juste fou
Mais, on s'encourage à continuer pareil.
On se fâche contre le système du non-sens
Mais, aussitôt qu'il y a quelqu'un qui ose
D'offrir une alternative avec plus de cohérence
On lui dit qu'il doit se calmer le pompon.
Qu'il doit arrêter enfin de rêver en arc-en-ciel
Qu'il doit redescendre sur terre des mortels
Qu'il doit continuer à souffrir comme nous
D'être un esclave un peu pour pouvoir rêver.
Les gens qui ne se sont pas permis encore
D'ouvrir leurs ailes très grandes, d'oser voler
Vont être emmerdés d'observer les oiseaux
Qui ont appris à se régaler en liberté totale.
Si tu n'es pas encore arrivé au bout
De tes propres désirs bien enjoués
La réalisation des rêves des autres
Peut te paraître comme un danger.
Cette peur que l'autre réussisse là où tu hésites
Te confronte au miroir de ta propre immobilité
Chaque pas qu'il fait vers sa liberté authentique
Illumine les chaînes que tu n'oses pas briser.
Car au fond, ce n'est pas l'autre qui t'effraie
Mais la partie de toi qui reconnaît sa vérité
Cette voix étouffée qui chuchote sans cesse
"Moi aussi, je pourrais vivre mon rêve maintenant."
Tu préfères croire que c'est impossible pour tous
Plutôt que d'admettre que c'est possible pour toi
Tu cultives des théories complotistes sur l'échec
Pour justifier ton propre refus de tenter l'aventure.
Tu dissèques les risques avec un œil chirurgical
Tu énumères les obstacles comme des trophées
Tu transformes ta peur en sagesse superficielle
Et ton inaction lâche en prudence raisonnable.
Mais chaque fois que quelqu'un ose s'élancer
Vers l'horizon incertain de ses propres espoirs
Une fissure s'ouvre dans ton monde bien construit
Et la lumière s'infiltre, révélant tes drôles excuses.
* * *
Si tu n'as jamais fait du camping sauvage ici
Ça se pourrait que ça t'intrigue quand même
Mais, ça se peut aussi que ça te fasse très peur
Donc, tu penses que ceux qui le font sont fous.
Si ton ami te partage sa grande excitation
D'aller dormir sous les étoiles indomptées
Ça fait des siècles qu'il en rêve tellement
Et, maintenant il veut sauter dans le vide.
Il souhaite arrêter d'en parler, mais le faire
Même si ça fait peur et c'est l'inconnu total
Mais, si toi tu as très peur des moustiques
Tu peux assez facilement tuer sa motivation.
C'est plus facile de juger et faire la guerre
Que de reconnaître nos propres croyances
C'est plus simple de nommer la raison dure
Que de ressentir l'autre dans la curiosité.
Si tu es dans une prison que tu aimes bien
Ça se peut que quand ton ami s'est libéré
Tu vas avoir beaucoup d'émotions intenses
La peur, la joie, la honte, la colère, la tristesse.
Ça se peut aussi que c'est plus compliqué
Des émotions très sophistiquées des adultes
La jalousie, la rancœur, la confusion, le déni
N'importe quoi pour éviter de se regarder la face.
Nos émotions sont nos messagers secrets
Pour nous amener vers nos propres désirs
Ce sont des panneaux d'indication pour nous
Non pas pour guider la voie unique de l'autre.
Si tes conseils sont infusés de tes peurs
Que tu n'as pas encore appris à transcender
Si tu parles de toi-même en pointant du doigt
Tu n'aides personne véritablement en réalité.
Si tu souhaites que l'autre juste abandonne
Laisse tomber ses rêves si beaux et profonds
Juste pour que tu puisses continuer naïvement
À te mentir que la souffrance est obligatoire.
Si ton support en aide est une précaution
Un raisonnement logique de l'échec certain
Si tu te sens anxieux et en réaction intense
C'est toi qui as besoin d'amour et d'écoute.
* * *
C'est drôle combien on a de bénévoles
Des gens qui se sont auto-proclamés
Pour offrir des services de bienveillance
Du conseil pro de l'avocat... du diable.
Ceci n'est pas un rôle juste à jouer
Si jamais personne ne te l'a demandé
Si on te demande juste d'encourager
De faire confiance, d'avoir la foi...
C'est un peu con tenter de les "protéger"
En leur disant pourquoi et comment
Leur rêve ne pourra jamais fonctionner
Dans le monde violent du non-sens.
Pourquoi offres-tu des mises en garde
Déguisées en sagesse et en expérience
Quand c'est plutôt ta propre cicatrice
Qui parle à travers ta bouche prudente ?
Tu dis "sois réaliste" comme si c'était
Une vertu de réduire ses aspirations
Mais tu ne vois pas que ton "réalisme"
N'est que le mausolée de tes rêves morts.
Tes conseils "pour le bien-être de l'autre"
Portent l'empreinte invisible de tes échecs
Des possibilités que tu n'as jamais osé explorer
Ton manque de courage à poursuivre le chemin.
Pire encore sont les demi-encouragements
Ces "vas-y, mais..." lourds de sous-entendus
Où tu plantes la graine du doute si cruellement
Tout en prétendant offrir ton soutien si aimable.
Et si tu essayais, juste pour une fois
D'être témoin sans être juge de l'autre
De tenir l'espace sans le remplir de toi
D'écouter sans déjà préparer ta réponse ?
Tu ne devrais pas donner ton avis "perso"
À des situations que tu n'as jamais vécues
Surtout si ce que tu partages comme expertise
Est ton jugement à toi ou tes peurs si tristes.
Quand quelqu'un te partage ses grands rêves
C'est très fragile, intime et oh que vulnérable
C'est important de les accueillir, créer l'espace,
Et non les arracher comme de mauvaises herbes.
Tu n'es ni protecteur ni sauveur ni guide
D'une expérience ne marchant pas près de toi
Une âme qui explore sa propre forêt unique
S'en fout royalement de tes préoccupations.
Tes insécurités, tes doutes et tes mises en garde
Doivent passer le filtre de nos perceptions avant
Demande-toi si ça ne t'appartient pas au juste,
Et, si c'est ça, parler au "je" serait plus sincère.
* * *
Il y a des gens qui pensent que leurs rêves
Ne poussent que sur les arbres imaginaires
Je veux faire ça, mais pas encore, pas là ou ici,
Pas assez d'argent, de temps, de sécurité, etc.
Peut-être demain ou dans quelques années
Peut-être dans une prochaine vie ou jamais,
Mais en tout cas, j'ai un plan super bien fait
Une bonne stratégie... pour continuer à rêver.
Et en attendant, je hais ce que je fais
Mon travail quotidien me déprime tant
Mes collègues m'énervent, mais bon,
Je souffre pour manger, c'est ça la vie.
Pourquoi autant de personnes pensent
Que c'est impossible d'aimer travailler
D'être en amour avec notre vrai service
D'être excité de se lever pour œuvrer.
Être heureux, passionné et stimulé par la vie
C'est pendant les vacances ou à la retraite
Que ça pourrait se passer, potentiellement
Mais à la job, c'est notre esclavage la norme.
Pourtant, il existe une autre façon d'être
Au-delà des écrans de nos limitations
Un chemin où ton âme, ta tête et ton corps
Se reconnaissent comme fidèles alliés.
L'art de vivre n'est pas dans la grande fuite
Ni dans l'attente d'un futur hypothétique
Il se trouve dans la présence immédiate
À l'invitation sacrée de chaque souffle.
* * *
Le pouvoir créatif nié est une blessure profonde
Qui saigne silencieusement dans nos cellules
C'est le traumatisme de l'enfant réprimandé
Pour avoir osé rêver au-delà des frontières.
Te souviens-tu du moment exact, si triste
Où quelqu'un a ri de ton dessin maladroit
Où l'adulte a dit "sois sérieux maintenant"
Et où ton âme d'artiste s'est repliée en rien ?
La civilisation des chiffres et des algorithmes
A façonné des êtres fendus en deux opposés
Leur cœur orphelin cherchant désespérément
Le chemin perdu vers leur imaginaire sauvage.
Nous avons érigé des temples à la raison froide
En oubliant que même les mathématiques
Sont nées de l'émerveillement cosmique
D'un esprit courageux jouant avec l'infini.
L'art n'est pas un luxe superflu ou inutile
C'est l'oxygène de notre conscience collective
La voie royale pour réguler nos émotions
Et créer cohérence dans notre système nerveux.
Quand tu peins, quand tu chantes, quand tu danses
Ton corps se souvient de sa sagesse primordiale
Tes neurones tissent de nouvelles constellations
Et ton âme retrouve sa langue maternelle, si belle.
Une culture privée de création authentique
Est un désert émotionnel, un vide existentiel
Où la raison crie à s'en déchirer les poumons
Pour retrouver le cœur qu'elle a abandonné.
Car même le cerveau le plus analytique
A besoin de sensibilité pour bien fonctionner
La créativité n'est pas l'opposé de l'intelligence
Elle en est le terreau fertile et très essentiel.
Guérir notre rapport à l'imagination
C'est reconstruire la tapisserie sacrée
Entre nos rêves et notre réalité tangible
Entre ce que nous désirons et ce qui se crée.
Ose reprendre tes crayons, tes pinceaux
Ton corps comme outil, ta voix comme oracle
Retrouve cette joie sauvage de créer sans but
Et observe le monde changer autour de toi.
* * *
Tu n'as pas besoin d'une permission externe
Pour danser au rythme de tes propres tambours
Ta joie n'attend pas l'approbation des autres
Elle jaillit naturellement quand tu te l'autorises.
La vie authentique commence par l'écoute
De cette voix douce qui murmure en dedans
Celle qui connaît la trajectoire unique, belle
Que ton âme a choisie pour créer du plaisir.
Écouter son corps, ses intuitions profondes
Faire confiance à la sagesse qui nous habite
Oser vivre sans le filtre des attentes d'autrui
C'est le vrai cadeau, silencieux et puissant.
Honorer ses limites comme ses élans vitaux
Reconnaître quand c'est oui, quand c'est non
Sans l'armure rigide de nos conditionnements
Avec la fluidité sauvage de notre vraie nature.
Ton travail peut devenir une œuvre d'art
Quand il s'aligne avec ton essence profonde
Quand chaque geste devient une prière
Une offrande consciente à la beauté du monde.
Soutenir les autres dans leurs rêves les plus fous
Non pas comme un sauveur ou un guide supérieur
Mais comme témoin bienveillant de leur grandeur
C'est aussi ça, l'art subtil d'aimer véritablement.
Accepter nos parts d'ombre avec tendresse
Sans jugement, sans honte, sans rejet brutal
Voir la perfection cachée dans nos failles
Et la leçon, le don sacré dans chaque erreur.
La vraie liberté n'est pas l'absence de structure
Mais la danse harmonieuse entre chaos et ordre
Entre nos élans sauvages et nos engagements
Entre nos racines profondes et nos ailes ouvertes.
Tu n'es pas obligé de souffrir pour mériter
La joie est ton héritage, ton droit de naissance
L'univers entier conspire pour ta floraison
Si tu oses enfin ouvrir tes bras à l'abondance.
Imagine un instant que ta vie n'est pas un combat
Mais une exploration joyeuse de possibilités infinies
Que chaque défi t'invite à plus de conscience,
Et chaque obstacle cache un cadeau précieux.
* * *
Respire cette vérité jusqu'au fond de tes cellules :
Tu es déjà complet, déjà parfait, déjà super divin
Ta seule mission est de te rappeler qui tu es
Et d'incarner cette lumière sans compromis.
L'art de vivre, c'est l'art d'aimer pleinement
Soi-même d'abord, puis le monde entier
C'est l'art de créer, de rêver, de célébrer
Même quand la nuit semble trop obscure.
C'est tisser chaque jour avec des fils invisibles
La tapisserie unique de ta conscience éveillée
C'est danser avec la joie comme avec la peine
En sachant que les deux sont invités au banquet.
Alors ose cette révolution extraordinaire,
De vivre chaque instant comme une prière
De transformer ton travail en œuvre sacrée
Et tes relations en miroirs de compassion.
Car au fond, nous sommes pèlerins, ensemble
Sur le chemin mystérieux du retour à nous-mêmes
Et la plus belle chose que nous puissions offrir
Est la lumière authentique de notre être véritable.
