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HONORER LA MORT

Dernière mise à jour : 3 juin

Si l'âme choisit son arrivée ici

Si c'est elle qui crée sa forme

Si elle décide des conditions

De sa naissance et de sa vie


Tu me vois déjà sans doute naviguer

Avec la suite de ce questionnement

Si l'âme est le vrai maître de ses choix

C'est qui donc qui décide de mourir ?


Et si l'âme décide de partir

Si l'âme veut autre chose

Elle est prête à aller ailleurs

Qui es-tu pour l'empêcher ?


Pourquoi forcerais-tu quelqu'un

À rester en vie quand il ne le souhaite plus

Pourquoi prolongerais-tu la souffrance

En essayant de sauver celui qui se sauve ?


* * *


Je ne parle pas ici des morts forcées

Je ne parle pas des provoquées non plus

Je parle des morts très naturelles, belles

Les passages sacrés de chacun, un jour.


Mais attention, je ne parle pas ici

Des morts que la douleur a réclamées,

Celles d'âmes abandonnées, sans abri,

Dont les cris n'ont jamais été aimés.


Je ne parle pas des fuites en silence,

Quand l'absence d'amour devient poison,

Quand le monde, trop dur, perd son sens,

Et que partir devient seule maison.


Ce ne sont pas des adieux arrachés,

Ni des âmes trop tôt effacées.

Ce sont nos failles, nos peurs, nos erreurs

Qui parfois tuent bien avant l'heure.


Et cela, ce n'est ni sacré, ni désiré —

C'est un appel, un cri désespéré,

Qui dit : « Aime-moi, retiens-moi, vois-moi.

Dis-moi que ça vaut la peine d'être là. »


Et si personne n'entend cette voix,

C'est toute la communauté,

Qui porte en silence cette croix,

Le poids d'une âme qu'elle n'a pas su aimer.


* * *


Aussi, ne tue jamais en croyant bien faire —

Ce n'est pas l'amour, c'est la guerre ouverte.

Tu piétines la danse de l'âme et de son feu,

Tu éteins sa lumière, tu violes son innocence.


Et crois-moi, la Mort n'apprécie pas

Qu'on joue le roi avec elle comme ça.

Elle pourrait bien revenir te revoir,

Furieuse, pour te remettre à ta place.


Tu crois savoir mieux qu'elle-même,

Ce qui est juste et devrait l'achever.

Mais l'âme a ses mystères, ses saisons —

Elle part quand elle désire, pas à ta raison.


Et si tu voles ce dernier soupir,

Tu t'enchaînes à en être esclave.

Car toute vie prise sans appel

Laisse sur la tienne un goût amer.


Être témoin, c'est déjà un don parfait.

Rester là, sans forcer l'émergence juste.

Car aimer, c'est aussi souhaiter sagement —

Que la mort elle-même vienne t'aimer.


* * *


Je parle des âmes qui ont déjà fini leur jeu

Elles ont vécu déjà plusieurs vies en une

Elles ont expérimenté la réalité déjà trop

Elles veulent sincèrement un changement.


Il y a des vieux qui sont tannés de vivre

Non pas parce que la vie n'est pas si belle

Bien au contraire. Ils l'aiment tellement fort,

Qu'ils souhaitent en expérimenter une autre.


Ils veulent jouer un nouveau jeu, ailleurs

Mais ils sont emprisonnés dans leurs corps, ici

Les corps qui sont fatigués, cherchant repos

Les cellules qui veulent se recycler, renaître.


Mais, nous, on leur dit que ce n'est pas cool

On les garde en vie peu importe pourquoi

On les culpabilise de vouloir fermer le cycle

On les accroche à notre peur de les perdre.


Le vrai deuil commence avant la mort

Dans le détachement sain de nos âmes

Dans la guérison de nos interconnexions

Dans la paix, le pardon et la transcendance.


* * *


Beaucoup de vieux n'arrivent pas à partir

Ils prient Dieu et se fâchent contre les cieux

Ils aiment trop la vie pour la prendre eux-mêmes

Mais, en secret, ils rêvent de mourir en beauté.


Ils ne peuvent pas le dire à leurs enfants

Parce qu'ils sont trop fragiles et vulnérables

Ils ne peuvent pas le dire à leurs médecins

Parce qu'ils sont payés pour les garder en vie.


Ils ne savent pas à qui en parler franchement

Leur dire que ce n'est pas un abandon de vie

C'est plus profond et même viscéral pour eux.

C'est le respect inconditionnel de la mort aussi.


* * *


La seule certitude de notre mystérieux monde

Est que la mort est omniprésente et vraie

Tous vont y passer un jour en temps juste

D'une manière ou d'une autre, ça se passe.


Tout dans la Nature se métamorphose

Chaque atome, cellule, molécule et corps

Se transforme et transmute sa forme

Pour danser dans de nouveaux costumes.


C'est pareil pour les bactéries et les virus

C'est pareil pour les plantes et les animaux

C'est la même affaire pour le mycélium aussi

Pourquoi ça serait différent pour les humains ?


* * *


Ton corps physique ne t'appartient pas

Il appartient à la poussière des étoiles

Il appartient à la Nature qui te nourrit

Il appartient à un écosystème de la Vie.


Tes muscles, tes os, tes tissus et tes tripes

Sont tous des déchets des autres systèmes

Ils sont faits des plantes et des animaux morts

Que tu manges pour bâtir ta masse physique.


Peut-être qu'il y a eu une tomate très osée

Elle ne voulait plus être tomate, elle est tannée

Elle aimerait se transformer en loup sauvage

Donc son rêve ultime est d'être mangée par lui.


Parce que quand ses petits atomes de tomate

Rentrent en connexion intime avec le beau loup

Leur conscience innée fait maintenant partie

De la réalité plus large d'un animal qui court.


Pour la tomate c'est comme une nouvelle vie

Plus intéressante, différente et très unique

Ça se peut que la tomate est vraiment bien

De renaître dans l'estomac d'un puissant loup.


* * *


Peut-être que cette logique s'applique ailleurs

Peut-être que les lapins aiment bien aussi

Se transformer en ceux qui les mangent

Pour devenir un aigle qui vole haut un jour.


Peut-être que chaque microbe rêve du paradis

Tous veulent se trouver en haut de la chaîne

D'être mangé plein de fois et de "remourir"

Juste pour goûter la liberté des baleines fortes.


Peut-être que pour eux c'est une célébration

Que de changer de forme et de conscience

Peut-être que la Mort et la Vie sont très amies

Peut-être qu'elles cocréent l'Amour ensemble.


* * *


Peut-être que l'homme est le seul être

Dans tout le réseau du vivant, de la nature

Qui a oublié comment honorer la mort

Qui a si peur de se transformer et renaître.


L'homme est devenu si arrogant et triste

Qu'il a décidé de déclarer la guerre à la Mort

Il a commencé à exercer son contrôle naïf

Sur les règles de la Nature et de l'Évolution.


On construit des hôpitaux très sophistiqués

Pour garder en survie misérable et confuse

Des vieux loups qui veulent ouvrir leurs ailes

En les emprisonnant dans leurs souffrances.


Ce n'est pas les vieux qui veulent l'éternité

Ce sont souvent ceux qui les aiment le plus

Ce sont leurs enfants, partenaires ou chers amis

Qui refusent de les laisser partir en paix enfin.


Par leurs prières et attachements émotionnels

Par leurs soins professionnels et bonnes drogues

Par leurs peurs, peines et hontes bien enfouies

Ils forcent la vie à ceux qui sont prêts à la mort.


* * *


On n'a pas de soins de fin de vie qui honorent

La magie réelle de cette divine transformation

On ne sait pas comment célébrer la vieillesse

On ne sait pas comment dire l'au revoir de fin.


Et pourtant on peut vivre le départ ensemble

On peut utiliser le temps qui nous reste encore

À se parler de pourquoi on s'aimait autant

À se donner des câlins et à écouter le joli cœur.


On peut aider celui qui veut partir d'ici

À s'envoler avec amour, beaucoup plus libre

On peut les pardonner et laisser partir lentement

Au lieu d'essayer à les sauver malgré leur volonté.


* * *


Tu respectes la Vie comme très précieuse

Tu l'aimes, tu en prends soin et tu la protèges.

Et bien, la Mort mérite le même honneur

Tu dois apprendre à l'accueillir et l'accepter.


Si tu veux vraiment aider tes ancêtres

À voler libres dans leurs rêves futurs

Tu devrais apprendre à faire les vrais deuils

En leur pardonnant sincèrement pour tout.


En les laissant partir dans l'amour pur

En leur disant merci du fond du cœur

En célébrant à leurs côtés leur belle vie

En chérissant tous les cadeaux offerts.


En souriant directement dans leurs yeux

En leur offrant une simple compréhension

Un moment qui vous permettrait de nommer

L'amour de vos âmes emprisonné en silence.


* * *


Notre arrivée au monde est très spéciale

Notre départ d'ici n'est pas très différent

C'est aussi très sacré, super transformant

On doit apprendre à les traverser ensemble.


La souveraineté de l'âme est le plus beau cadeau

Que la vie nous offre à travers les âges oubliés

N'enchaînons pas cette liberté si primordiale

Par nos peurs, nos regrets, nos attachements.


L'art de dire adieu est peut-être plus précieux

Que celui de s'accrocher à ce qui s'envole déjà

Comme les feuilles d'automne qui dansent au vent

Avant de reposer sur terre pour nourrir demain.


* * *


Nos ancêtres murmurent dans le silence des étoiles

Ils nous regardent avec leurs yeux d'éternité

Demandant non pas nos larmes mais notre joie

Non pas notre chagrin mais notre gratitude.


La plus grande preuve d'amour n'est pas toujours

Dans la lutte désespérée contre l'inévitable

Mais dans l'acceptation lumineuse du cycle parfait

Dans le lâcher-prise qui libère et qui honore.


Mourir n'est pas disparaître, c'est se fondre

Dans la symphonie cosmique qui nous a créés

C'est retourner à la source collective de tout

Pour y puiser de nouvelles formes d'existence.


* * *


Alors célébrons ces passages, ces transformations

Comme on célèbre l'eau qui devient nuage et pluie

Comme on honore la chenille devenue papillon

Comme on vénère le jour qui se couche en beauté.


Car dans le grand mystère de l'être et du non-être

Dans cette danse éternelle entre ombre et lumière

La vie et la mort cocréent l'impossible ensemble

D'une même histoire d'amour qui n'a ni début ni fin.


* * *


Écoute dans le silence de ton âme qui sait déjà,

Dans les murmures de ta maturité qui s'éveille,

Incline-toi devant ce qui fut, ce qui est,

Et ouvre grand ton cœur à ce qui sera.


Si l'âme choisit son arrivée et le parcours,

Peut-être choisit-elle aussi son départ.

Dans cette simple vérité réside en silence

La paix infinie de toute notre existence.


* * *


Comme une feuille qui sait quand se détacher,

Comme l'oiseau qui suit l'appel des saisons,

Comme la marée qui se retire en douceur,

Laisse tout être suivre sa sagesse intérieure.


Et quand viendra ton propre hiver si doux,

Puisses-tu aussi danser avec la vraie extase,

Sans regret, sans peur, sans attachement,

Dans la pure grâce d'avoir été autant vivant.





 
 
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