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Des Jeux en Triangles

Il y a un triangle infernal qui existe un peu partout, en psychologie, en sociologie, en économie et en politique. En comprenant bien les mécaniques et les dynamiques de ce triangle, on peut comprendre n'importe quelle relation conflictuelle, autant au niveau personnel qu'au niveau international.



Le concept est assez simple, mais peu de personnes semblent vraiment comprendre comment ça marche pour tirer un véritable plaisir à jouer avec ou dans ce triangle.



La plupart des conflits et des crises peuvent être résolus très facilement et même rapidement à l'aide de ce simple triangle. Tout le monde en a probablement déjà entendu parler et sait exactement de quoi je parle, et pourtant, en ce qui concerne ses applications directes, très peu le maîtrisent comme il faut et avec une aisance non-violente.



Victime - Bourreau - Sauveur est ce triangle.



N'importe quel événement historique, comme une guerre par exemple, va toujours avoir ces trois éléments. Toutes les guerres qu'on mène aujourd'hui et la plupart de nos politiques internationales actuelles sont aussi justifiées à l'aide des dynamiques relationnelles de ce triangle.



Le désordre international qui se passe en ce moment est très facile à comprendre quand on le regarde à travers ce prisme d’observation. Il y a plusieurs discours différents sur qui joue quel rôle exactement, et c'est principalement là, dans cette confusion, que le phénomène de la polarisation sociale émerge dans toute sa splendeur.



Si un groupe de personnes n'attribue pas les mêmes rôles aux différentes communautés qu'un autre groupe, ils risquent de créer la polarisation d'opinion et même de la rivalité entre eux.



Si je ne suis pas d'accord avec ta perception personnelle sur qui est le gentil et qui est le méchant dans une situation, on risque d'avoir un conflit ensemble.



Pour qu'on puisse faire la paix et rester amis malgré nos opinions différentes, on doit accepter inconditionnellement la position de l'autre comme juste et vraie pour lui, sans essayer de la changer ou de la manipuler subtilement de quelconque manière.



On doit apprendre à honorer et respecter le fait que ce n'est pas tout le monde qui pense comme nous. On doit aussi savoir collaborer et cocréer avec des personnes qui ne croient pas à la même chose que nous.



Pour faire la paix véritable, il faut inventer une stratégie qui inclue les réalités et les perceptions de tous, même ceux qui ne sont pas d'accord avec nous, dans un ensemble cohérent et performant. Il faut que tout le monde gagne quelque chose et se sente en réelle confiance dans les échanges pour qu'on puisse parler de paix et de réconciliation entre les groupes de personnes ou des peuples différents.



Si tu ne veux pas ou ne peux pas accepter le fait que les autres n'ont pas la même perception que toi de la réalité, et ne l'auront probablement jamais, tu ne peux pas être en paix véritablement avec eux.



Pour te réconcilier et pour éviter des situations conflictuelles, il faut que tu ouvres ta conscience à la possibilité que et toi et l'autre vous avez votre propre vérité. Le but n'est pas de trouver qui a raison ou pas. Vous avez tous les deux déjà raison dans votre propre expérience et dans votre perspective unique. Le but est de trouver une stratégie plus englobante et systémique qui inclue les deux vérités.



Ce n'est pas un compromis, mais c'est une vision partagée et collective qui respecte la liberté d'opinion et d'action de chacun. C'est une stratégie qui n'est pas basée sur la moralité ou une vérité idéologique en particulier, mais c'est plutôt une démarche de coévolution et de cocréation consciente avec d'autres humains libres de penser par eux-mêmes, responsables et souverains.



C'est une manière de voir le monde pour ce qu'il est. Personne n'est gentil ou méchant de base. Tout dépend de la situation et du contexte.



Tout le monde essaie de leur mieux de jouer leurs rôles de la meilleure manière possible et au service véritable. Très peu savent comment le faire sans souffrir ou sans faire souffrir les autres, mais c'est certain que tout le monde fait de son mieux.



Si tu comprends que chaque personne joue son rôle déjà parfaitement en fonction de sa propre perception, de sa vérité intime, de ses insécurités, de sa vision et de ses ressources intérieures, tu sauras qu'absolument personne sur ce monde ne veut te faire du mal consciemment ou exprès.



Tout le monde fait de son mieux, vraiment. Mais on ne sait pas tout, on est tous en processus d'apprentissage continu, donc parfois on fait des choses qui nuisent ou font de la peine aux autres sans même le réaliser.



Faire une erreur n'est pas la fin du monde et ce n'est pas grave. Tous ont déjà fait des erreurs. Ceux qui n'ont jamais fait des choses qu'ils ont regrettées après n'ont probablement rien compris ni de la vie ni de qui ils sont ni pourquoi ils sont ici.



On apprend, on évolue et on se perfectionne à travers nos erreurs. Faire des erreurs est sain et ça fait partie intégrante du processus d'apprentissage.



Le vrai problème n'est pas l'erreur en soi. Le vrai problème est de ne pas savoir la reconnaître comme telle et d'en tirer la vraie leçon évolutive pour ne pas répéter les mêmes erreurs dans le futur inutilement.



C'est d'être en déni total de nos erreurs et de répéter la même chose aveuglément qui est stupide, non pas de se tromper ou de faire une simple erreur de parcours sur notre cheminement d'évolution unique et si mystérieusement inconnu.




Quand tu es un pays au complet, tu dois savoir inclure toutes les voix de ton peuple dans une vision cohérente dans son ensemble qui protège leur liberté d'opinion et d'action peu importe quoi.



Si tu donnes la préférence à seulement un groupe en particulier ou une seule idéologie, tu vas te mettre tous les autres à dos. Si la moitié de ta population n'est pas d'accord avec ce que tu racontes comme une "vérité nationale" ou les lois que tu mets en place, tu ne peux pas parler de démocratie ou de justice réelle.



Ça s'appelle du favoritisme idéologique pour mieux garantir ta place et ton salaire en représentant les intérêts de ceux qui t'ont mis au pouvoir. Tu ne représentes pas ton peuple convenablement si ta vision et ta stratégie n'incluent pas leur vérité personnelle. Tu représentes ton parti politique en respectant tes alliances économiques, mais ce n'est pas la véritable volonté de ton peuple et tu n'es pas au service de leur réel bien-être.



Le but des politiques, c'est de s'assurer d'avoir le moins de polarisation possible dans la population. L'objectif principal est de s'assurer que ce que le gouvernement fait représente le mieux les intérêts de la plus grande majorité des personnes. Pour le faire, il faut développer des stratégies nationales qui sont basées sur l'inclusion et non la division.



Par contre, l'inclusion ne veut pas dire la manipulation de l'opinion publique, la perte de la liberté de parole et le contrôle oppressif de ceux qui ne sont pas d'accord avec nos politiques et nos projets de nouvelles lois. L'inclusion reconnaît la différence d'opinion et travaille en collaboration réelle avec ceux qui ne pensent pas pareil que nous. L'inclusion nous invite à combiner les différentes vérités et réalités en harmonie et de façon constructive pour tous.



L'inclusion est une vérité collective qui est toujours en changement et en évolution constante, ce n'est pas une idéologie stagnante et figée. Ce n'est pas non plus quelque chose que tu as besoin de justifier de force pour convaincre les autres que c'est vrai.


Si tu as besoin d'investir dans une campagne marketing pour faire passer une loi ou pour changer l'opinion publique de ton propre peuple, il y a un sérieux problème dans ta gouvernance et dans ta gestion politique.



Si tu es un leader d'un pays, ce n'est pas à toi de dire à ton peuple quoi penser et quoi faire. C'est à eux, à ceux qui t'ont élu et ceux qui te paient de te dire quoi penser et quoi faire. Si tu décides de consciemment exclure la perception unique de tous ceux qui ne supportent pas directement ta politique actuelle, tu ne peux pas les représenter ou être au service de leurs intérêts.



Tu es au service de tout le pays si tu es dans le pouvoir de te considérer comme leur dirigeant. Mais si la moitié de ta population n'est pas d'accord avec toi ou avec ta vision en place, tu es un très mauvais leader qui ne devrait pas parler de démocratie ou de liberté trop fort publiquement.



Si tu as besoin de mettre en prison l'homme qui ne veut pas aller se battre volontairement à une guerre qui ne fait pas de sens pour lui, tu ne peux pas sérieusement parler de la souveraineté nationale de ton propre peuple.



Chaque pays est déjà les trois: et la victime et le bourreau et le sauveur. Ça dépend juste de qui on parle exactement, dans quel contexte et par rapport à quoi.



Un pays, c'est très complexe et c'est normal d'avoir une très grande multitude d'opinions et de perspectives différentes. L'idée n'est pas de choisir un seul côté d'argument qu'on préfère mieux et de prétendre naïvement que tout le monde est d'accord avec nous.



L'idée est d'apprendre à gérer un pays avec une stratégie qui répond aux besoins authentiques et aux intérêts sincères de tous avec respect et bienveillance, même de ceux qui ne sont pas d'accord avec nous personnellement.



C'est l'art de combiner les visions différentes dans un ensemble cohérent, résiliant et performant, et non pas une méthodologie secrète de comment gagner un argument et détruire celui qui nous oppose pour imposer notre vérité individuelle mieux aux autres.



Pour aller un peu plus loin dans cette contemplation assez expérimentale sur les dynamiques relationnelles victime-sauveur-bourreau au niveau macro politique, prenons un exemple d'actualité concret qui me concerne: la guerre en Ukraine.



Il y a un discours populaire qui dit la chose suivante:


• L'Ukraine est clairement la victime.


• La Russie est le bourreau et le tyran.


• Les USA, l'UE et le Canada sont les sauveurs.



Il y a un autre discours aussi qui dit:


• La Russie est la victime.


• Les USA sont les bourreaux.


• Et l'Ukraine est juste corrompue jusqu'aux os et ne sais pas ce qu’elle veut.



Il y a aussi une autre version:


• La Russie est le sauveur.


• Les Ukrainiens sont les bourreaux.


• Et les USA se mêlent beaucoup trop des choses qui ne les concernent pas.



Quand on n'est pas d'accord sur qui joue quel rôle dans la réalité, on risque de s'obstiner pour convaincre l'autre de penser la même chose que nous. Si dans ta tête c'est très clair que la Russie est le bourreau et l'Ukraine la victime, tu vas potentiellement t'énerver contre tous ceux qui ne pensent pas comme toi.



Si je ne partage pas le même triangle de croyances au niveau des dynamiques relationnelles sur un sujet aussi intense que la guerre, tu risques de me juger vraiment beaucoup et potentiellement même me voir comme un danger public.



C'est grave quand même.



Les gens sont souvent choqués et déstabilisés par mes propos intimes par rapport à l'Ukraine. Il y a un truc qui ne connecte pas dans leur tête, tout simplement parce que je refuse de voir ce pays comme une victime aussi innocente qu’elle ne le laisse paraitre.



Quand tu en es rendu aux conversations sur les traités de paix au niveau international, c'est vrai que la diplomatie multilatérale devient plus importante que les discours de propagande de très mauvais goût. Ça a toujours été comme ça.



Le but et le vrai art de la politique est la négociation.



Pour négocier quoi que ce soit correctement, il faut voir au-delà des rôles fixes et figés.



Tu ne peux pas négocier avec quelqu'un qui est trop rigide dans sa position de victime ou de sauveur et qui ne veut pas voir et transformer son rôle au-delà.



Tu ne peux pas non plus négocier avec quelqu'un qui pense que son voisin a pour seul but dans la vie de le détruire et de l'envahir pour une raison quelconque ou purement égotique.



Tu ne peux pas parler de paix véritable avec quelqu'un qui cherche encore la vengeance ou plus d'argent pour une guerre.



Tu ne peux pas négocier avec celui qui pense que les "sauveurs" qui t'aident à protéger ta liberté très questionnable avec les meilleurs équipements militaires du monde le font juste avec de la bonne foi et parce qu'ils ont pitié de toi.



La politique est un business. Mais c'est un business qui demande une véritable dignité et responsabilité. C'est un business très intense qui impacte le monde entier.



Quand tu négocies, tous les rôles doivent tomber pour tous. Tu dois voir tout le monde, tes alliés comme tes adversaires, comme des êtres à respecter et à honorer. Les intérêts et les réalités de chacun doivent être pris en considération dans ta stratégie. Sans aucun blâme, sans aucune culpabilité et sans aucun jugement.



Tu dois arrêter de te voir comme une victime. Tu dois arrêter de chercher à détruire ton ennemi sans raison et tu dois arrêter de vendre ton pays en morceaux à tes sauveurs potentiels pour acheter plus d'armes et financer tes soldats qui, honnêtement, ne veulent pas passer leur vie en guerre juste pour défendre une idéologie patriotique très questionnable.



Pour négocier, il faut avoir une clarté nette sur ce que tu prends et sur ce que tu donnes. Il faut aussi être très cohérent et transparent sur à qui tu prends et à qui tu donnes, ainsi que sur ton véritable pourquoi.



Quand les enfants négocient, ça se passe très souvent au niveau des émotions. Ils savent très bien comment te provoquer au niveau du cœur pour te manipuler comme il faut. Les hommes dans la politique qui décident de la vie de millions de personnes ne devraient pas baser leur stratégie sur leurs propres émotions douloureuses et leurs traumatismes de guerre non intégrés.



Les hommes en politique doivent comprendre qu'ils ne sont plus des enfants et qu'il y a vraiment des populations entières qui sont impactées par leurs décisions quotidiennes.



Les adultes qui négocient parlent en termes d'échange cohérent et de transaction véritablement respectueuse et sensée avec toutes les parties impliquées. Ils parlent en chiffres concrets et en faits mesurables; ils ne parlent pas d'idéologies, de vengeance et ils ne manipulent pas les autres avec leurs émotions de victime éternelle.



Ma chère Ukraine, il faut que tu comprennes un truc très simple: personne dans ce monde n'est ni ton allié ni ton ennemi.



Tout le monde sont des hommes d'affaires. Personne ne veut te détruire ni te sauver. Ils sont engagés dans des transactions économiques très importantes avec toi. Ils ont tous quelque chose à t'offrir et tous veulent aussi quelque chose en retour de toi en échange.



Tu décides avec qui tu veux collaborer, comment et pourquoi. Le business de la guerre est une des stratégies possibles, mais c'est aussi vrai que tu commences à être très mal pris quand et ton bourreau et ton sauveur principale veulent la paix, alors que toi, tu cherches encore des alliés et des amis pour continuer la guerre.



Est-ce que tu comprends que tu es pris en sandwich entre deux des plus grandes puissances du monde? Est-ce que tu comprends qu'à l'heure actuelle, ces deux puissances sont plus amies entre elles qu'avec toi?



Est-ce que tu réalises que les deux veulent que les gens arrêtent de mourir sans raison, et toi, tu continues à prétendre que c'est au nom de l'indépendance politique, celle que tu n'as déjà pas et que tu n'as potentiellement jamais vraiment eue?



Ton gouvernement n'a probablement jamais été non corrompu.



Tu es un jeune pays avec des oligarques au pouvoir qui s'est embarqué dans un jeu intense avec des puissances très fortes, et ce depuis très longtemps. On t'a laissé faire et on t'a aidé à faire ce que tu voulais jusqu'à maintenant pour pouvoir t'acheter légalement à moindre coût.



Mais maintenant c'est bon, tu peux arrêter. On n'est plus intéressé à te regarder te prostituer sur la scène internationale pour vendre le sol et la terre de ton propre peuple afin de protéger une indépendance fictive d’une population entière en profonde souffrance.



Comprends-tu maintenant pourquoi ta stratégie de corruption politique basée sur la guerre et la victimisation ne peut plus marcher aussi bien qu'avant?



Aujourd'hui, et ton ennemi et ton allié principal sont plus intéressés à ce que tes hommes arrêtent de mourir pour rien que toi tu l’es. Et toi, tu oses encore parler d'être une victime et demander de l'argent et du soutien pour une guerre au nom de la liberté et de la paix dans le monde ?



Tu ne pourras jamais obtenir la réelle liberté avec une guerre. Dans le monde d'aujourd'hui, surtout quand ce n'est pas toi qui paies pour, plus tu fais la guerre, plus tu deviens esclave du système.



Plus tu t'endettes pour qu'on te "protège", plus tu perds la liberté, ton indépendance et la souveraineté véritable de ta population.





Mes chers amis Canadiens, quand vous envoyez vos équipements militaires et vos milliards en Ukraine, comprenez que vous ne le faites pas au nom de la liberté et de la vertu démocratique; vous achetez, tout simplement, et son peuple et sa terre.



Vous investissez directement dans la guerre et dans l'endettement forcé d'une population entière au profit des élites nationales.



Vous n'êtes pas en train d'aider l'Ukraine, vous êtes en train de l'acheter pour ses ressources et pour mieux vendre vos propres produits et vos services industriels de guerre à l'étranger.



Vous n'êtes pas des sauveurs. Vous êtes des collaborateurs et des hommes d'affaires aussi. Vous donnez quelque chose et vous prenez aussi quelque chose.



Vous donnez vos armes et votre aide humanitaire et en échange, vous prenez la liberté, la terre, ses ressources et la souveraineté des Ukrainiens.



C'est l'ironie de l'esclavage moderne.



Apparemment, les gens sont prêts à tuer leur frère et à vendre leur propre terre pour être libres. Et apparemment, celui qui achète cette terre, celui qui applaudit le massacre à la télé au nom de l'indépendance trouvent que ça fait du sens aussi.



Tu penses vraiment que l'Ukraine fait la guerre au nom de la liberté et de l'indépendance, sachant très bien qu'elle a vendu et son âme et ses ressources pour mieux équiper ses soldats (ou plutôt enrichir ses fonctionnaires) pendant cette guerre?



Ça ne fait aucun sens logique ou sensé comme raisonnement, et toi, tu continues à voler de l'argent à tes contribuables pour financer un génocide à l'autre bout du monde.



Une guerre est une stratégie économique et politique au niveau international. Ce n'est pas une idéologie ou une stratégie très efficace pour protéger la liberté d'un peuple.



La guerre enrichit les plus corrompus dans les systèmes et fait souffrir les plus démunis et les plus pauvres encore plus. Ça a toujours été comme ça et c'est encore comme ça. La guerre sert à emprisonner, à manipuler et à contrôler le peuple par la terreur de la survie, non pas à le libérer ou à protéger sa dignité ou sa souveraineté.



Une Nouvelle Perspective



Si on applique maintenant les principes de la psychologie de base à la politique, comment peut-on voir ça un peu différemment aujourd'hui? Comment pourrait-on faire pour établir une paix véritable? Comment fait-on pour négocier comme des adultes?



Pour briser le triangle victime-bourreau-sauveur de façon efficace et sécuritaire, une des stratégies consiste à changer notre perception égotique de ces rôles.



Il existe un autre triangle, un peu plus constructif et évolué, pour décrire ces dynamiques relationnelles avec un discours plus cohérent et sensé.



Dans cette nouvelle conception triangulaire, la victime devient le créateur, le bourreau le challenger et le sauveur le coach.



Donc, si on essaie maintenant de regarder la politique internationale et la situation en Ukraine à travers ce nouveau prisme d'analyse, qu'est-ce qu'on peut voir émerger? Et comment nos stratégies de réconciliation seraient-elles différentes de ce qu'elles sont maintenant si on arrête de s'obstiner sans fin sur qui est la victime et qui est le méchant?



Un créateur ne se plaint pas. Il prend la responsabilité totale de ses actions et de ses décisions. Il sait que la politique interne de son pays est son problème personnel et que le fait que son peuple s'entre-tue pour survivre n'est pas un motif de fierté ou une vertu sociale.



Un créateur comprend que les plus grandes puissances au monde ont d'autres préoccupations que son indépendance illusoire, son patriotisme toxique ou son gouvernement corrompu depuis des années.



Un créateur comprend qu'il est responsable de ce qui se passe dans son pays, avec son peuple et sur son territoire. Un créateur ne fait pas une propagande de victimisation sans fin dans un jeu où il n'a aucune chance de gagner.



Un créateur comprend clairement les cartes qu'il a en main et il choisit très intelligemment avec qui jouer à la guerre, comment et pourquoi.



Le créateur ne se bat pas pour protéger son idéologie ou pour valider son rôle de victime; un créateur se bat pour gagner quelque chose de réel, de concret, d'utile et de tangible pour son propre peuple.



Le créateur crée l'avenir. Une victime se venge du passé.



Une victime veut de la validation, de la protection et de l'encouragement de ceux qui sont plus forts ou plus puissants qu'elle. Un créateur négocie de façon sage et intelligente avec tous, comme avec des collaborateurs qui méritent le respect et la considération de leurs propres intérêts personnels aussi.



Pour un créateur véritable, il n'existe plus ni sauveur ni bourreau.



Tous peuvent être considérés comme des cocréateurs. Tous ont le potentiel d'être tes coachs ou tes challengers. Tout dépend de comment tu négocies et à quel point tu es stratégique.



Si tu le veux et si tu les vois comme tes amis, tu peux voir les États-Unis comme tes coachs qui te souhaitent du bien. Ils te disent clairement et de façon transparente leur opinion et leur positionnement actuel sur ce que tu vis. Ce n'est peut-être pas ce que tu aimerais entendre, mais c'est comme ça. Ils négocient avec toi et ils te conseillent comme à un adulte. Ce que tu en fais est maintenant ton choix. Ils te disent clairement que celui que tu prends pour ton ennemi n'est plus leur ennemi à eux.



Tu n'as pas d'autre choix que de t'adapter maintenant à cette nouvelle réalité. Ça ne sert à rien de ressasser le passé. Aujourd'hui, ton sauveur collabore avec ton bourreau et tu n'as aucun réel contrôle sur cela. Soit tu t'ajustes, soit tu perds encore plus.



Ça ne sert plus à rien d'essayer de les convaincre que tu es la victime dans toute cette histoire et qu'on doit continuer à financer une guerre. Tu joues déjà dans le jeu des puissances très intenses depuis plusieurs années avec des moyens que tu n'as pas. Tu paies tes riches avec la vie de ton peuple et ta terre. Il serait temps que tu prennes la véritable responsabilité de ta corruption politique très créative.



Si tu veux, tu peux aussi commencer à voir ton bourreau comme un challenger à la place. Son but n'est pas de te détruire, ni de t'envahir, ni de te faire du mal. Son but est, comme celui de tous les autres d'ailleurs, de protéger le bien-être de son propre peuple et sa politique interne. Il n'est pas un tyran, il est un stratège, un très bon stratège en plus, soit dit en passant. Il te remet à ta place quand tu vas trop loin. Il s'assure que tu ne deviens pas son danger le plus proche et son problème personnel le plus important.



Il ne t'a pas envahi et, soyons honnêtes, il n'avait absolument rien à faire de ton indépendance ou de ta misère. Il a détruit tes installations militaires pour éviter que tu fasses n'importe quoi. Il a détruit exactement ce qu'il fallait pour que cette guerre soit la moins sanglante et la plus rapide possible.



Il a fait ce qu'il fallait pour protéger son propre peuple et leur avenir. Il a fait son possible pour ne pas faire souffrir ta population en le faisant et pour s'assurer de te désarmer de façon efficace. Tu as utilisé ça comme une excuse pour faire durer une guerre pendant 3 ans avec tes propres frères en demandant de l'argent et des armes à leur plus grand compétiteur politique et économique au niveau mondial.



Est-ce que tu réalises dans quoi tu t'es embarqué vraiment en faisant ça? Est-ce que tu réalises que tes propres sauveurs t'ont utilisé comme un pion naïf dans un jeu de pouvoir qui te dépasse clairement? Ta guerre n'a absolument rien à voir ni avec ton indépendance, ni avec ton intégrité territoriale, ni avec la liberté de ton peuple.



Tu es un proxy stratégique pour mélanger les cartes et pour créer un environnement instable dans le but de transformer la distribution actuelle du pouvoir et de la richesse au niveau mondial. Tu es un collaborateur maintenant, un des acteurs principaux dans cette histoire, non pas la victime. Ton propre gouvernement était tellement corrompu que tu as fini par volontairement vendre ton pays pour des armes afin de pouvoir continuer à te nourrir.



Si tu veux être un acteur important sur la scène internationale, tu dois apprendre à faire de la vraie politique avec tes collaborateurs. Tu dois apprendre à cocréer des stratégies gagnant-gagnant pour tous. Tu dois véritablement respecter et honorer tes coachs et tes challengers.



Ce n'est pas avec tes remerciements sans fin, ton léchage de bottes des riches et tes humiliations publiques de victime innocente que tu vas devenir un bon négociateur avec des puissances mondiales. C'est en devenant un vrai politicien qui se respecte et qui respecte les stratégies et les insécurités des autres peuples que tu pourrais peut-être devenir un négociateur qui a de l'allure.



Il faut que tu aies une clarté irréprochable sur ce que tu veux réellement quand tu te mets à la table des négociations internationales, surtout quand c'est ton propre pays qui est en guerre. Es-tu certain que tu sais exactement ce que tu cherches en ce moment?



Tu veux la liberté ou tu veux l'argent? Tu veux te venger ou tu veux cocréer?



Tu ne peux pas avoir les deux. Tu dois choisir entre la guerre et la paix, et tu dois agir en conséquence de ce choix avec tous tes collaborateurs, tes coachs et tes challengers.



L'idée principale de la politique internationale est de faire en sorte que la dignité et l'intégrité de chaque personne soient respectées, peu importe son histoire, peu importe son origine ancestrale et peu importe ses croyances politiques du moment. Si tu utilises la guerre dans ton propre pays comme un outil pour nuire ouvertement aux stratégies économiques d'autres peuples qui sont sans aucun doute plus puissants que toi au niveau international, tu n'es plus une victime de rien, tu es juste irréfléchi.



C'est comme si deux lions très forts étaient en train de se battre pendant des décennies entre eux. Et là, une petite biche apparaît de nulle part et décide de s'en mêler en se prenant pour une victime.



C'est toi, l'Ukraine, cette biche, et en ce moment tu te fais dévorer par des lions qui ne comprennent pas quel est ton problème et pourquoi tu t'es mise en plein milieu d'une guerre économique qui n'est vraiment pas à ton niveau de pouvoir ou de moyens stratégiques.



Tu te fais dévorer publiquement comme jamais.



On te dit très clairement: dégage et arrête de faire une guerre que tu ne peux pas te permettre de payer, ni de mener seule, ni de justifier. Arrête de montrer tes dents et ton orgueil démesuré à celui qui peut te manger et t'effacer de la carte en trois secondes.



Ce n'est pas très sage d'offrir la vie de ton propre peuple comme monnaie d'échange juste pour perturber l'économie et la politique internationale de tes propres voisins, surtout en connaissant très bien qui sont tes voisins et de quoi ils sont capables.



Tu as cherché les problèmes pendant des décennies et tu savais très bien avec quel genre de feu tu jouais. Tu savais que tu ne pouvais pas avoir et le beurre et l'argent du beurre et le sourire de la crémière, mais tu as quand même essayé de t'enrichir en agaçant comme une imbécile la plus grande puissance du monde dont ta propre économie interne dépendait.



Tes voisins étaient tes principaux alliés économiques et ils avaient aussi tous les avantages du monde à te protéger correctement. Toi, tu voulais faire des affaires avec leurs compétiteurs principaux à l'autre bout du monde en cachette.



Tu voulais être riche et libre comme les États-Unis et l'Europe le sont. En passant, ils sont véritablement libres et riches uniquement dans tes propres rêves illusoires. Mais on t'a fait croire le contraire. Tu ne savais pas encore que la richesse signifie l'esclavage et la guerre dans le monde moderne.



Tu pensais qu'en collaborant avec eux, ils allaient t'apprendre comment faire pour créer le rêve américain chez toi aussi. Ils t'ont appris exactement ce qu'ils savaient faire pour s'enrichir rapidement. Tu as été initié à la stratégie de colonisation économique au niveau international.



Donc, tu les as aidés à détruire leur compétition rivale, tes propres voisins, avec de la propagande et de la manipulation politique de très mauvais goût, et aujourd'hui tu t'étonnes de pourquoi tu es en guerre et pourquoi plus personne ne veut t'aider à la continuer aveuglément.



Ta guerre ne rapporte plus d'argent à personne. Tu étais intéressante et désirable avant, mais tu ne l'es plus. Tu n'as plus grand-chose à nous vendre. Ça ne sert plus à rien que tu te détruises encore plus aujourd'hui. Ta guerre est déjà officiellement inutile économiquement et politiquement parlant pour nous tous. Et tout le monde te le dit en pleine face, même si c’est fait encore un peu subtilement.



Si tu veux rester encore autour de la table des négociations au niveau international, tu devrais considérer d'évaluer très bien ta situation présente avec transparence, prendre au sérieux ta stratégie de politique interne et prendre véritablement conscience à qui tu parles, de quoi tu parles et comment.



La guerre est un art sacré qui demande une véritable intégrité et dignité envers soi-même et envers autrui. Ce n'est pas une activité pour des lâches, ni pour les enfants, ni pour ceux qui préfèrent rester victimes.



La guerre est un art avant tout stratégique et non idéologique. Ça demande un bon cerveau qui sait réfléchir correctement et non une volonté politique sans fin à s'entre-tuer sans raison. Le vrai talent d'un guerrier est celui qui réussit à gagner, ou à s'enrichir avec une guerre des autres, sans jamais se battre lui-même de façon littérale. Sans sacrifier ses propres hommes, sans la perte de ses propres ressources. Sans la destruction de son héritage culturel et social. Sans la vente aux enchères de sa terre et de la liberté de son peuple.



Le vrai guerrier se bat pour avoir quelque chose de plus que ce qu'il a déjà ou pour protéger ce qui est sien, et non pas pour réclamer quelque chose qu'il n'a jamais eu.



L'indépendance vient de ta capacité à te tenir debout seul! C'est dans la définition même. Pour être indépendant, il faut que ton bien-être et ta liberté d'agir de façon autonome ne dépendent de personne d'autre.



Tu es indépendant seulement quand tu n'as plus besoin de personne d'autre pour être en sécurité, riche, libre et heureux.



Si la grandeur de ton courage dépend de la profondeur du portefeuille de celui qui te finance, tu es déjà son esclave et sa marionnette qui n'a pas grand-chose à dire, et tu le sais déjà très bien aussi.



Tu ne pourras jamais acheter la liberté véritable d'un peuple entier avec de l'argent qui n'est pas le tien.



Si tu penses pouvoir protéger la liberté de ton peuple, tes ressources et ton identité politique en vendant tout ce que tu as à n'importe qui et en envoyant tous tes hommes à la guerre inutilement, ta stratégie nationale ne fait littéralement aucun sens logique ou rationnel. Tu te fais juste avoir par tout le monde comme un naïf. Et, au bout du compte, c'est toi qui perds tout: et tes ressources, et ta richesse collective, et ta liberté, et ta dignité.



La guerre a toujours existé et va probablement toujours faire partie de notre expérience humaine sous une forme ou une autre. C'est un outil d'élévation et de transformation de conscience comme n'importe quoi d'autre, peut-être juste un peu plus efficace et beaucoup plus risqué que les autres outils qu'on utilise normalement.



C'est pour cela qu'il est très important d'apprendre à choisir très sagement et très intelligemment les guerres qui valent vraiment la peine d'être menées et de bien discerner celles qui sont déjà perdues d'avance.



Si tu continues à penser en termes de victime-bourreau-sauveur sur des enjeux aussi complexes et aussi globaux, tu vas perdre encore plus et tu vas te détruire encore plus, c'est quasiment garanti. Si tu veux vraiment commencer à gérer le désordre dans ton pays, tu devrais vraiment considérer de devenir un vrai créateur digne de ce nom et de voir les autres pour ce qu'ils sont réellement aussi: tes collaborateurs et des créateurs, qui parfois jouent les rôles de coachs et parfois de challengers.



Ton savoir-faire pour bien négocier avec les autres, comme un adulte responsable, et pour bâtir des relations multilatérales basées sur la confiance, la cohérence et le respect véritable de toutes les parties prenantes et de leurs interconnexions d'affaires va déterminer à quel point tu peux être libre et puissant économiquement ou politiquement dans ce monde!



La politique n'est pas une idéologie sur ce qui est bien ou non, moral ou pas, vrai ou faux. La politique est un business qui est principalement basé sur le combien, où, qui, quand et comment.



Si tu veux parler de la difficulté d'être une victime et à quel point ton agresseur est méchant et injuste, va voir un psychologue pour t'aider à te guérir correctement, ce serait une stratégie plus utile et efficace. Mais si tu te présentes à la table des négociations avec des puissances internationales dont tu dépends en ce moment, ton discours désuet de manipulation émotionnelle et de blâme sans fin n'a plus sa place.



Tu dois comprendre un truc simple: ces gens-là ne négocient pas avec des victimes qui n'ont rien à offrir et qui ne souhaitent pas faire évoluer leur rôle de victime en autre chose avec le temps.



Ils négocient seulement avec les cocréateurs responsables qui sont prêts à agir en cohérence avec ce qu'ils racontent publiquement. Ils veulent collaborer avec des pays qui se sont dotés d'une vision politique qui fait du sens dans son ensemble, qui respecte leur stratégie internationale actuelle et avec ceux qui ont les vrais moyens de négocier quelque chose de pertinent et de sensé.



Si dans ta tête, tu es une victime pauvre et tu veux qu'on te protège le plus longtemps possible peu importe quoi, tu ne négocies absolument rien et avec personne au niveau international. En réalité, c'est déjà toi la marchandise et tu ne fais que choisir ton futur maître en lui vendant le restant de ta liberté et de ta dignité.



Choisis très bien et très sagement à qui tu te vends, pourquoi et sous quelles conditions, ma chère Ukraine. Et fais-le comme un vrai créateur qui prend la responsabilité de ses choix et non comme une pauvre victime si facilement manipulable et corruptible!





En fin de compte, cette contemplation sur les jeux triangulaires nous invite à une transformation profonde de notre façon de percevoir les conflits, qu'ils soient personnels ou géopolitiques. Le passage du triangle victime-bourreau-sauveur au triangle créateur-challenger-coach n'est pas qu'un simple exercice intellectuel, c'est une révolution dans notre manière d'être en relation avec nous-mêmes et avec les autres.



Cette transformation est particulièrement pertinente dans notre monde contemporain où la polarisation des opinions semble atteindre des sommets. Nous devons apprendre à reconnaître que chaque perspective, aussi éloignée soit-elle de la nôtre, contient une part de vérité qui mérite d'être entendue. La paix véritable ne viendra pas de l'élimination des différences, mais de leur intégration consciente dans une vision plus large et plus inclusive.



Pour les individus, cela signifie abandonner le confort de la victimisation qui nous déresponsabilise et nous infantilise. Pour les nations, cela implique de renoncer aux discours simplistes qui diabolisent l'adversaire et sanctifient leurs propres actions. Pour tous, c'est un appel à embrasser la complexité du monde plutôt que de la fuir dans des narratifs réducteurs.



La véritable souveraineté – qu'elle soit personnelle ou nationale – ne réside pas dans l'indépendance illusoire d'un système isolé, mais dans l'interdépendance consciente de systèmes qui se reconnaissent mutuellement dans leur intégrité. C'est dans cette reconnaissance mutuelle que se trouve la possibilité d'une cocréation authentique, où chacun apporte sa pierre à l'édifice commun sans chercher à imposer sa vision comme la seule valable.



Lorsque nous abandonnerons les jeux de pouvoir issus du triangle dramatique pour embrasser la dynamique créatrice du nouveau triangle, nous pourrons enfin élaborer des solutions qui transcendent les oppositions stériles et ouvrent sur un futur où la diversité des perspectives devient une force plutôt qu'une source de division.



Cette transformation n'est pas facile – elle exige courage, humilité et une volonté sincère de comprendre l'autre dans sa différence. Mais c'est précisément dans ce travail difficile que réside notre capacité collective à évoluer vers des modes de relation plus matures et plus sains, capables de relever les défis complexes qui se présentent à nous.



Le triangle n'est plus alors un piège où nous restons enfermés dans des rôles figés, mais devient un prisme à travers lequel la lumière de notre conscience peut se diffracter en un arc-en-ciel de possibilités nouvelles, pour nous-mêmes et pour le monde.



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Cela dit, j'aimerais traduire une partie de mon travail dans d'autres langues et le publier afin de toucher un public plus large et moins axé sur l'internet.

 

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